lettre de Madame de Souza à la comtesse d’Albany | Paris, le 7 juillet 1817

La Comtesse d’Albany
Lettres inédites de Madame de Souza (et d’autres…)
(Le Portefeuille de la comtesse d’Albany : 1806-1824, par Léon-G. Pélissier)


 Les annotations (en italique) sont de Léon-G. Pélissier ; Les passages [entre crochets] sont dans Saint-René Taillandier ; « Néné » est le surnom que Mme de Souza a donné à Charles de Flahaut, son fils ; les sujets concernant Charles de Flahaut sont reproduits en rouge ; l’orthographe ancienne est respectée.

 lettre de Madame de Souza à la comtesse d’Albany
Paris, le 7 juillet 1817

 

Je ne veux point, mon excellente amie, que vous appreniés par d’autres que par moi le mariage de Néné. Il a trouvé réuni tous les avantages que je pouvois désirer, et actuellement je mourrai sans inquiétude ni pour la fortune (Miss Elphinstone possédait une grande fortune personnelle et devait succéder aux titres et à la pairie de son père.), ni pour son bonheur, car la demoiselle joint au plus noble caractère l’esprit le plus sage et le plus éclairé. Enfin, je suis très heureuse de cet établissement. Il le fixera cependant une grande partie de sa vie en Angleterre. (Flahaut n’eut que des filles de son mariage, et revint se fixer à Paris dès 1827.) Mais j’aime mon fils pour lui plus que pour moi ; qu’il soit heureux, et qu’il me le dise, suffira à mon bonheur.

Vous devez avoir eu bien des Anglois en Italie cette année. J’en ai vu quelques-uns qui avoient eu le bonheur d’aller chez vous, et assurément le beau ciel d’Italie les jours, et votre bonne conversation les soirs me paroissoit une situation fort désirable. Votre portrait est dans ma chambre, où je leur présente à tous leur reine légitime et la meilleure des femmes, ma plus aimable amie. Lord Castlreagh (Le célèbre diplomate anglais) l’a reconnu de nos soirées du Louvre (Avant l’émigration).

Adieu, ma chère amie, si jamais M et Mme de Flahaut vont faire ce voyage d’Italie, j’espère que vous les recevrai tous deux avec les bontés, l’amitié que vous aviés pour moi dans ce tems du Louvre, où du moins je n’avais pas mal au foie comme je l’ai à présent. Veuillez parler de moi à M Fabre. A-t-il fait de beaux ouvrages cette année ?

Adieu, ma chère amie, je pense toujours à vous. Je vous aime comme depuis que je vous connais, mais je vous écrirai quand (Elle veut dire : Je ne vous écrirai que quand…) ma belle-fille accouchera, si Dieu lui accorde des enfans, et puis à votre fête qui sera toujours célébrée par moi et chez moi : car vos dernières lettres m’ont fait de la peine et à mon mari aussi. Juger ses amis de si loin et sur des rapports de tiers qui n’étoient pas indifférents n’étoit pas juste. Ce n’est pas une des moindres peines que j’aye eu ; malgré cela je vous embrasse de tout mon coeur, si vous le permettés.

[Le portefeuille de Mme d’Albany]