(Le Portefeuille de la comtesse d’Albany : 1806-1824, par Léon-G. Pélissier)
Paris, le 7 août 1813 |
Néné se porte bien jusqu’au 25 juillet. (M de Flahaut profitait des derniers jours de l’armistice de Preswitz, qui expirait le 28, pour donner de ses nouvelles à sa mère. L’armistice fut prolongé jusqu’au 10 août) Je viens de recevoir de ses nouvelles, et je vous en donne ma très chère amie, car je suis bien sûre que vous êtes très occupée de lui et de moi.
[Je suis bien triste, bien inquiette ; oh ! c’est dans ce moment que j’aurais besoin de vous voir et d’être consolée, tranquillisée par vous ! Si l’on voyoit son fils courir sur le bord d’un précipice, les passans, les amis ne s’étonneraient pas des cris et de l’effroi d’une mère ; à la guerre il est toujours sur le bord d’un affreux précipice, il est toujours dans un éminent danger et cependant on dit à cette pauvre mère : « Ne pleurés pas, ne criés pas ! Ce n’est rien. » Ah ! ma chère, le succès de l’empereur n’est pas douteux ; sa gloire, son génie répondent de la victoire, mais ces pauvres petits gringalets d’aides de camp ! Ah ! Qu’ils sont exposés !
Je vous aime, je vous embrasse de tout mon coeur, je vous désire à tous les instants, je pense qu’il seroit bien heureux pour moi et très bon pour vous de revenir. Croyés, ma très chère, que ce souhait vous a sincèrement et sérieusement pour l’objet. Mille complimens à M Fabre, et à vous, ma bonne, mon excellente amie, les assurances du plus parfait attachement : la casa vous offre mille respects. Je n’ai pas le courage de vous en écrire davantage. Mon coeur est trop plein.