(Le Portefeuille de la comtesse d’Albany : 1806-1824, par Léon-G. Pélissier)
Paris, le 21 décembre 1812 |
Enfin, ma chère amie, après un mois d’attente et d’angoisses, j’ai reçu une lettre de mon fils du 6 décembre. (Cette date est un lapsus de Mme de Souza : le contexte montre qu’il s’agit d’une lettre du 6 novembre. L’empereur abandonna l’armée le 5 décembre à Smorgoni.) L’empereur avait bien voulu le nommer général le 5, et Charles se portoit bien. Mais comme ils ont dû souffrir par ce froid ! Le 9, le thermomètre étoit à 22 degrés et il ne s’arrêtera pas là. Le prince de Neufchatel est resté à l’armée : par conséquent Charles aussi, mais enfin ils vont trouver des quartiers d’hiver. Il souffre de son rhumatisme, mais cependant il va toujours.
Pour moi, je ne suis pas encore remise des inquiétudes affreuses que j’ai eu pendant ce mois entier où j’ai été sans nouvelles, et personne ne nommant Charles. Enfin j’ai cruellement souffert, et combien j’aurois eu besoin de me sentir près de vous.
Actuellement qu’il n’y a plus de cosaques entre lui et moi, j’espère avoir des nouvelles plus souvent.
Adieu, ma bonne et chère amie. Je vous aime de tout, tout mon coeur.
La casa vous offre mille hommages. Tous les jours de petits dîners nous buvons à votre santé et nous vous regrettons.
Mille complimens à M Fabre. Lebrun a trouvé votre portrait peint comme un ange ; il est resté dans l’admiration de la chair, des détails. Enfin il disait entre ses dents une multitude de petits mots d’admiration qui ont fini par : « On ne peint plus comme cela. » Ma bonne amie, je vous remercie de toute mon âme comme je vous aime.