(Le Portefeuille de la comtesse d’Albany : 1806-1824, par Léon-G. Pélissier)
le ? janvier 1811 |
Voici, ma très chère amie, une lettre de ma nièce. Soyés assez bonne pour la lire et ne pas la montrer au prétendu, car cette crainte de le suivre cédera bien vite au bonheur d’être aimé et d’aimer un homme dont vous me dites tant de bien.
Elle sera aussi très exacte à sa religion, mais respectant celle de son mari. C’est dans son caractère ; elle préferra un protestant à un homme qui abjureroit sa croyance. Tâchez de terminer cette affaire, ma bonne amie (Madame d’Albany paraît avoir été une grande marieuse devant l’Eternel : les filles de M de Beaufort, les filles de Frederika Brun, la nièce de Madame de Souza ! Elle était pourtant de celles à qui le mariage réussit moins que l’adultère) et vous aurez fait le bonheur d’une petite qui en est très digne et dont on ne vous portera jamais la moindre plainte.
Il fait le plus beau froid et le plus beau soleil du monde. Comme M Fabre doit travailler ! Je l’envie, moi qui suis dans un moment de dégoût (Ces découragements étaient habituels à Mme de Souza, après l’achèvement de chacun de ses romans) et ne peux plus rien mettre sur le métier.
Ma bonne, ma très chère amie, je vous demande pardon du pacquet que fera cette lettre et du prix qu’elle va vous coûter, mais regardés-la comme une bonne action. Toute la petite société se rappelle à votre souvenir, et moi, ma chère amie, je vous aime de toute toute mon âme. Je vous embrasse de tout mon coeur. Mille choses à M Fabre. Ah comme j’attends le mois de juin !
[Le portefeuille de Mme d’Albany]