(Le Portefeuille de la comtesse d’Albany : 1806-1824, par Léon-G. Pélissier)
le 25 septembre 1812 |
[Ma chère amie, la tête me tourne : depuis huit jours on annonçoit une grande battaille (La bataille de Borodino ou de la Moskowa, gagnée le 7 septembre 1812) et je ne vivais pas. Cela ne m’a pas empêché de penser à vous], car je vous ai écrit une grande lettre pour vous être portée par M Martin, et je l’ai envoyée chez lui une demie heure après son départ : mais elle partira avec d’autres pacquets au premier jour. Je prierai M de Lavalette de vouloir bien vous l’envoyer pour qu’elle coûte peu de port.
[Charles est sain et sauf de cette battaille, et j’en remercie Dieu de tout mon coeur, car elle a duré dix heures. Mais je crains qu’il en faille une autre avant Moscou. L’empereur a été, comme toujours, victorieux sur tous les points. Aussi n’est-ce que pour les individus que l’on tremble. Ma bonne, ma chère amie, priés pour moi, car je suis bien, bien malheureuse et aimés-moi, car je vous aime de toutes les affections de mon âme ; mais je n’ai pas la force d’écrire davantage]. J’ai parlé à Mme de Rumfort. (La femme du célèbre philantrope) Il paraît que la petite a pris des phrases sentimentales pour des sentimens. (Allusion à un projet de mariage inconnu. Les lettres suivantes de la même montrent que ce projet réussit.) Cependant, pour l’engager mieux, je lui ai dit de vous répondre : elle doit me remettre sa lettre que j’enverrai si elle est convenable.