(Le Portefeuille de la comtesse d’Albany : 1806-1824, par Léon-G. Pélissier)
le 24 août 1816 |
C’est demain votre fête, et je ne veux point que ce jour se passe sans vous parler de mon véritable attachement : il datte de bien des années, et il durera autant que moi, ma très chère amie ; je ne vous ai pas écrit depuis longtems, parce que vos dernières lettres m’avoient fait de la peine et que d’ailleurs elles m’arrivoient toujours ouvertes. Hors (sic), vous jugez, ma très chère amie, tout ce qu’elles avoient ou pouvoient avoir de désagrément pour Adèle, d’autant que cette pauvre personne n’a point d’opinions d’aucun genre.
Enfin laissons tout cela : recevez mes voeux de bonne fête, mes voeux pour votre bonheur, pour votre santé ; croyez que personne ne vous est plus tendrement attachée que moi et que je serois bien heureuse de vous servir.
Mon fils est toujours en Albion, (A cause de son rôle actif pendant les Cent jours, M de Flahaut dut quitter la France) très bien traité, aussi heureux qu’on peut l’être loin des siens et de son pays. Mon mari a été bien malade mais très mal. Je n’ai pas besoin de vous dire combien j’étois malheureuse. Enfin il se rétablit, et j’espère que ce sera un nouveau bail. Pour moi, je suis toujours souffreteuse de ce côté : mais c’est un mal qui m’aura jamais de guérison complette. Voilà, ma chère amie, notre situation à tous. Que de fois j’ai pensé à vous à l’heure de midi, et combien je serois heureuse de vous revoir ! Depuis que je n’ai plus d’amis dans le ministère, je suis fort tranquille. Veuillez parler de moi à M Fabre, et me permettre de vous embrasser pour votre fête comme je vous aime.
ADELE