lettre de Madame de Souza à la comtesse d’Albany | le 21 avril 1812

La Comtesse d’Albany
Lettres inédites de Madame de Souza (et d’autres…)
(Le Portefeuille de la comtesse d’Albany : 1806-1824, par Léon-G. Pélissier)


 Les annotations (en italique) sont de Léon-G. Pélissier ; Les passages [entre crochets] sont dans Saint-René Taillandier ; « Néné » est le surnom que Mme de Souza a donné à Charles de Flahaut, son fils ; les sujets concernant Charles de Flahaut sont reproduits en rouge ; l’orthographe ancienne est respectée.

 lettre de Madame de Souza à la comtesse d’Albany
le 21 avril 1812

 

[Enfin, ma très bonne amie, nous touchons au mois de may et j’espère que votre première lettre me dira quand je vous reverrai.] Mme votre soeur m’a assuré que vous ne pouviés pas rester plus tard que ce mois de may, et c’est pour le coup que je le regarderai comme le plus joli mois de l’année.]

[Je suis bien triste : j’aurai bien besoin de vos consolations, car on parle sans cesse de départ, et depuis six semaines, c’est toujours de semaines à l’autre que je crains d’avoir à me séparer de Charles. Combien j’aurai besoin de vous, ma très bonne amie, dans ce moment où tant de dangers, un si grand éloignement rendent l’absence plus cruelle ! Enfin je suis bien bien triste et je sens encore dans mon coeur des mouvemens de joie en pensant à votre retour. Jugez si je vous aime.] Mme votre soeur est mieux de sa santé ; votre jolie nièce est bien maigre ; et l’aînée m’a paru assez gaie, assez contente ; le comte Loboe (Madame de Souza n’a jamais su l’orthographe de ce nom) est bien le meilleur homme qui existe au monde. Voilà, ma très chère, toute les nouvelles de votre famille.

[On a beaucoup crié famine, et je puis vous assurer que Paris est approvisionné pour un an. Dans les campagnes, chacun fait des efforts pour arriver à la moësson, et l’on y parviendra. venez, venez, et je vous ferai casser une croûte avec les anciens amis de la casa.]

[Mille complimens à M Fabre. J’aurai aussi bien du plaisir à le revoir. J’attends votre portrait avec bien de l’impatience. Il aura la plus belle place de ma chambre ! Oh ! ma bonne amie, que j’aurai du plaisir à vous revoir, à regarder à ma pendule si cette heure du midi arrive et avec elle si vous arrivez. Nous nous promènerons tous les matins et nous ferons ensuite de petits dîners où il n’y aura que trois plats, mais excellens. Adieu, ma bonne et chère amie, puisse cette lettre vous trouver fesant vos pacquets. Adieu encore, mais pas pour longtems à ce que j’espère. Je vous aime, je vous embrasse de tout mon coeur.] Néné et papa vous offrent leur tendre respect. [Arrivés, arrivés j’écrirais dix pages que je ne dirais pas autre chose. – et n’écoutez pas les alarmistes, nous sommes très tranquilles et encore fort gaies dans ce beau Paris où je vous attends. Le 14 de may est ma fête ; que j’aurais du plaisir à la passer avec vous.]

[Le portefeuille de Mme d’Albany]