(Le Portefeuille de la comtesse d’Albany : 1806-1824, par Léon-G. Pélissier)
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Je viens d’avoir mes grandes… (Sic. Il faut suppléer douleurs de foie.), ma très bonne amie ; cependant elles ont duré moins longtemps, mais cela me laisse toujours une impression de tristesse que je ne puis vaincre. En vérité, je n’avais fait aucune imprudence, si ce n’est celle d’être restée un peu à l’humidité, en faisant planter des rosiers dans mon parc. Cependant, je ne pensais pas que l’humidité eût rien à démêler avec le foie. Notre petit Moreau dit que, lorsqu’on a un côté faible, tout y porte.
Enfin, me voilà dehors, mais pour combien de temps ? Et que de vivre de régime est ennuyeux !
Je m’attends que vous me disiez là-dessus des choses raisonnables, mais je vous répondrai par La Rochefoucault qui dit qu’un régime habituel est une longue maladie.
Commencez-vous vos paquets ? Voilà ce qui serait le plus propre à me faire oublier des chagrins et des souffrances. Quand vous me direz cette bonne nouvelle, malgré le rustaud Charles, le sévère Souza, le prudent Gallois, le craintif Bertrand, les prophètes de malheur Bourdois et Moreau, enfin en dépit de moi-même, je boirai à votre santé un petit peu de malvoisie, et je mettrai un lampion sur ma fenêtre. Voilà, chère amie, ce que je ferai dans toute la joie de mon âme. Je ne vous en dirai pas plus aujourd’hui, parce que je vous écris de mon lit, et que cela me gêne. Mille complimens à M Fabre. Je vous aime de tout tout mon coeur, ma bonne et chère amie.