François-Jérôme , comte de la Billarderie – précisions généalogiques

François-Jérôme , comte de la Billarderie
(grand-oncle de Charles de Flahaut)


Un portrait de Jérôme de Flahaut, comte de la Billarderie, est visible à l’hôtel de ville de Boulogne-sur-mer

 

Quelques précisions généalogiques

Le chef de la branche aînée, César de Flahault, Seigneur de la Billarderie, lieutenant colonel au régiment de Saint-Germain-Beaupré, épousa le 10 janvier 1665 Françoise de Gaude de Martaigneville. Il en eut deux fils qui eurent une très belle carrière militaire. L’aîné de ces fils, Charles-César de Flahault, (grand-père « officiel » de Charles de Flahaut) connu sous le titre de marquis de la Billarderie, Seigneur de Saint-Rémy, près de Clermont-en-Beauvaisis, lieutenant-général des armées du Roi en 1734, grand-croix de Saint-Louis en 1722, marié le 18 janvier 1723 à Odile Coeuret de Nesle, décédé à Wissembourg en 1743, continua la lignée. Le puîné, Jérôme-François, connu sous le titre de comte de la Billarderie, lieutenant -général des armées du Roi en 1734, grand-croix de Saint-Louis, décédé en 1761, à l’âge de 89 ans, ne laissa pas de postérité.

Lire sa biographie complète (Dictionnaire historique et biographique des généraux français depuis le onzième siècle jusqu’en 1822, par M. le Chevalier de Courcelles)

(Chaix d’Est-Ange / Dictionnaire des familles françaises / Vendome) 

des courriers

 29 décembre 1718  30 décembre 1718  2 janvier 1719
 7 janvier 1719  11 janvier 1719  19 janvier 1719
 1er mai 1719  18 juin 1719  21 juin 1719
 29 juin 1719  30 juillet 1719  15 août 1719
 28 août 1719  16 septembre 1719  27 septembre 1719
 28 septembre 1719  4 octobre 1719  6 octobre 1719
 10 octobre 1719  19 octobre 1719  24 octobre 1719
 26 octobre 1719  24 novembre 1719  29 novembre 1719

Le duc de Maine arrêté à Sceaux par La Billarderie, lieutenant des gardes du corps, et conduit dans la citadelle de Dourlens.


Des courriers
(Détention de la Duchesse du Maine / documents inédits recueillis et publiés par François Ravaisson / Règnes de Louis XIV et de Louis XV (1722 à 1725))


(source :
) / (A.G. = Archives de Guerre)

Lettre de Charles Le Blanc, ministre de la Guerre à M de La Billarderie, le 29 décembre 1718
J’ai l’honneur de vous envoyer par ce courrier l’ordre dont vous pourrez avoir besoin en route pour les escortes.
Demain vous serez joint par deux officiers de la bouche du Roi, chargés de la dépense de la table de Mme la duchesse du Maine, et de celle qui vous est destinée et aux officiers de votre détachement, les brigadiers, gardes et mousquetaires, ayant leur argent à dépenser, comme je vous l’ai dit avant votre départ.
Au surplus, S.A.R. m’a chargé de vous dire qu’elle est très contente de la conduite que M. le marquis d’Ancenis et vous avez tenue dans l’exécution des ordres dont elle vous avait chargé ; je vous prie de bien vouloir m’informer de ce qui se passera pendant votre voyage.

(A.G.)

Lettre de Charles Le Blanc, ministre de la Guerre à l’archevêque de Sens, le 30 décembre 1718
(Denis-François Bouthillier de Chavigny, archevêque de Sens)
...
M. de la Billarderie, qi est chargé de la conduire, aura soin de vous la ramener à son retour…

(A.G.)

Lettre de Charles Le Blanc, ministre de la Guerre à M de La Billarderie, le 2 janvier 1719
J’ai reçu la lettre que vous m’avez fait l’honneur de m’écrire ; comme je vous ai répondu d’avance sur tout ce qu’elle contient, je me contenterai de vous dire que si vous avez besoin d’argent à Dijon pour votre retour et celui de votre détachement, j’écris à M. de la Briffe de vous faire donner tout ce que vous demanderez. Je vous répèterai encore que S.A.R est on ne peut pas plus contente de toutes les attentions que vous apportez à l’exécution de ses ordres.

(A.G.)

Lettre de Charles Le Blanc, ministre de la Guerre à M de La Billarderie, le 7 janvier 1719
S.A.R. est on ne peut plus contente de la politesse et de l’exactitude avec laquelle vous exécutez la commission dont vous êtes chargé. Elle en sent parfaitement les peines et les difficultés, et vous devez être bien persuadé qu’elle vous en tiendra compte…
Quelques ordres que vous eussiez de marcher sans séjour, S.A.R. a approuvé celui que vous avez fait à Auxerre, et laisse à votre discrétion d’en user sur cela comme vous le jugerez à propos : si la santé de Mme la duchesse du Maine s’altérait, même à un tel point qu’elle fût absolument hors d’état de soutenir la voiture, il faudrait que vous prissiez le parti de rester dans l’endroit où vous vous trouveriez ; S.A.R. vous en donne la permission, et vous recommande de nouveau d’avoir toutes les attentions dues à son rang, sans vous départir cependant des précautions nécessaires pour sa sûreté et pour empêcher toute communication.
Puisqu’elle n’est pas incommodée de la dent à laquelle il est arrivé un accident, il suffira que Laudunnier se rende à Dijon lorsqu’elle y sera arrivée ; c’est à quoi je tiendrai la main.
S.A.R. avait ordonné à de Falconnet fils (Falconnet, docteur en médecine, membre de l’Académie des inscriptions.) de se rendre incessamment auprès d’elle ; la dlle Desforges, femme de chambre, et la dlle Quelon, femme de garde-robe, proposées par Mme la princesse pour soulager les deux femmes qui sont avec elle, vont aussi pour la joindre ; elles lui porteront les livres, hardes, et autres choses dont elle peut avoir besoin.
Quant aux dépenses que Mme la duchesse du Maine pourrait avoir à faire, j’écris par ordre de S.A.R. à M. de la Briffe, intendant, de lui donner l’argent qui lui sera nécessaire.
Je vous ai déjà donné avis que j’avais écrit à cet intendant pour vous faire donner aussi tout celui que vous lui demanderez à votre arrivée à Dijon. Si vous en manquez avant ce temps-là, ayez agréable de me dépêcher un courrier, et je vous en enverrai par son retour.
J’ai gait donner 150 liv. à celui que vous m’avez envoyé ; si vous jugez à propos d’y ajouter quelque chose, vous en serez le maître.
Vous trouverez ci-joint une lettre de Mme la princesse ; S.A.R. trouve bon que vous la remettiez à Mme la duchesse du Maine, et que vous lui donniez du papier et de l’encre pour y répondre si elle le désire, à conditon pourtant qu’elle l’écrira en votre présence, et qu’elle vous la remettra tout ouverte ; il est inutile de vous faire observer que, la réponse faite, vous ne devez lui laisser ni encre ni papier.
Je vous plains de tout mon coeur de la longueur d’un voyage aussi peu gracieux.

(A.G.)

Lettre de Charles Le Blanc, ministre de la Guerre à M de La Billarderie, le 11 janvier 1719
Je sui bien persuadé qu’il ne tient pas à vous que le voyage ne soit plus court ; mais il faut accorder la politesse avec la régularité, et l’on ne peut y mieux réussir que vous faites. Les officiers de la bouche doivent rester dans le château de Dijon pour y servir Mme la duchesse du Maine. On leur y fera fournir l’argent dont ils auront besoin pour les dépenses de bouche.

(A.G.)

Lettre de Charles Le Blanc, ministre de la Guerre à M de La Billarderie, le 19 janvier 1719
S.A.R est bien aise que vous soyez quitte d’une commission aussi fatigante, et dont elle sent parfaitement que vous vous êtes acquitté avec toute la prudence, l’exactitude et la politesse qu’elle pouvait désirer. Elle a vu avec plaisir que l’affaire des pierreries s’est passée sans difficulté. Vos attentions n’auront pas peu contribué au succès de cette négociation.
Vous avez parfaitement bien fait de lui laisser la boucle de diamants, le collier et les deux portraits qu’elle a souhaité garder. A l’égard du coffre dont vous êtes chargé, il faudra que vous le remettiez à votre retour entre les mains de Mme la princesse (Mlle de Bourbon, née en 1696, morte le 22 février 1732, princesse de Conti, seconde douairière). Vous aurez, s’il vous plaît, attention à ne lui pas dire que vous avez une lettre de la duchesse du Maine pour elle, parce que, s’il y avait quelque chose qui ne convienne pas, S.A.R. ne permettrait peut-être pas de la remettre. Vous ne pouviez pas vous dispenser de séjourner deux jours à Dijon, pour y faire réparer les équipages. S.A.R. approuve que vous arrangiez votre retour comme vous le jugerez convenable, et que vous renvoyiez les détachements des gardes dans leurs quartiers, lorsque vous en passerez à portée, et que vous fassiez payer les gardes et les mousquetaires qui ont marché avec vous jusqu’au 25 de ce mois inclusivement.
A l’égard des trois valets de pied, vous les enverrez, en arrivant, à la B., où il y a ordre de les recevoir ; pour le palefrenier, il s’en retournera à l’hôtel de M. le duc du Maine.
Je suis bien aise que la dlle Desforges et la femme de chambre soient arrivées ; vous avez bien fait de les faire visiter.
J’ai bien prévu qu’on ferait attention aux circonstances de la garde, et c’est pour cela que j’ai cru qu’il convenait d’y destiner les douze officiers de l’hôtel des Invalides, que j’ai envoyés exprès au château de Dijon.
Je ne doute pas que M. de la Briffe ne vous ait fait toucher tout l’argent dont vous aurez eu besoin.
Au surplus, je compte avoir l’honneur de vous voir le 25, comme vous me le faites espérer ; à quelque heure que vous arriviez, vous pouvez venir chez moi. Je ne saurais finir sans vous répéter encore que S.A.R. est très satisfaite de la conduite que vous avez tenue dans une commission dans une commission aussi délicate, et de l’exactitude des officiers qui vous ont accompagné.

(A.G.)

Lettre de Charles Le Blanc, ministre de la Guerre à La Briffe, le 1er mai 1719
(M. La Briffe, intendant de la province)
… Il ne faut pas perdre un instant à mettre en état le logement que Mme la duchesse du Maine doit occuper dans la citadelle de Chalon. M. de la Billarderie étant parti, ce matin, avec l’équipage qui doit la conduire du château de Dijon en la citadelle, je n’ai rien à ajouter sur cela aux lettres qu’il doit vous remettre…

(A.G.)

Lettre de l’abbé Desplannes à Charles Le Blanc, ministre de la guerre, le 18 juin 1719
(L’abbé Desplannes était l’aumônier de la citadelle de Chalon)
… Plusieurs personnes ayant ici fait courir le bruit de la levée du siège de Fontarabie, et ayant ajouté que nous y avions été battus, la rumeur publique m’obligeait de prouver le contraire par une lettre que j’avais reçue de M. de la Billarderie. J’en dis donc le contenu de 6 lignes en ces termes :
« Je compte que j’aurai bientôt le plaisir de vous apprendre la prise de Fontarabie, à laquelle on espère que la paix succédera.
J’ai cru pour le bien de l’Etat que je pourrais dire cette nouvelle, et j’espère que vous ne m’en blâmerez pas. » (La ville de Fontarabie s’était, en effet, rendue à l’armée française, et la garnison était sortie avec les honneurs de la guerre)

(A.G.)

Lettre de l’abbé Desplannes à Charles Le Blanc, ministre de la guerre, le 21 juin 1719
… P.S. Le major m’a dit que M. de la Billarderie s’était chargé de vous solliciter pour une grâce que le major vous demande ; M. de la Billarderie lui marque que vous lui avez fait espérer ; si votre justice lui accorde, ceci me paraît ne devoir pas les déranger, d’autant plus que le refus lui ferait soupçonner quelque découverte qu’il lui faut cacher. Au reste, M. de la Billarderie n’est pour rien en tout ceci ; vrai serviteur du Roi, il me paraît aussi attaché à S.A.R…

(A.G.)

Lettre de Desangles à Charles Le Blanc, ministre de la guerre, à Chalons, le 29 juin 1719
… Il m’a ajouté qu’il voudrait savoir les nouvelles générales qui peuvent se dire, pour amuser Mme la duchesse du Maine ; je lui ai répondu que je n’en avais que de très équivoques, at que mon ancien ami, M. de la Billarderie, que j’avais prié de m’écrire souvent le succès du siège de Fontarabie, ne me mandait en courtisan que ce que je lisais dans les gazettes…

(A.G.)

Lettre de Charles Le Blanc, ministre de la guerre, à l’abbé Des Plannes, le 30 juillet 1719
… S.A.R. a bien voulu adoucir la prison de Mme la duchesse du Maine, en lui permettant de choisir une maison de campagne aux environs. Comme cette nouvelle situation lui facilitera les moyens d’entretenir des correspondances, quoiqu’elle doive être également observée, tant par M. Desangles que par M. de la Billarderie, qui part pour l’aller joindre, je vous prie de ne vous relâcher de vos découvertes, et de tâcher d’approfondir l’objet des correspondances que peut avoir Mme la marquise de Charost avec cette princesse.
M. de la Billarderie a ordre de S.A.R. de vous voir et de vous assurer qu’elle exécutera ce qu’elle a promis à M. le duc de Noailles en votre faveur.

(A.G.)

Lettre de Charles Le Blanc, ministre de la guerre à Desangles, le 15 août 1719
Puisque M. le président de Migieu est si difficile, il faut se passer de son château de Savigny ; celui de Gilly dont vous avez fait la découverte est tout ce qui convient le mieux ; j’adresse à M. de la Billarderie une lettre pour engager l’abbé de Citeaux à le prêter à Mme du Maine, et je crois que cette négociation sera plus aisée.

(A.G.)

Lettre de Charles Le Blanc, ministre de la guerre à La Billarderie, le 28 août 1719
Si Mme la duchesse du Maine persite dans la volonté de faire un testament, S.A.R. trouve bon que vous lui permettiez de faire venir un notaire, et que vous lui donniez sur cela toutes les facilités qu’elle pourra demander.
Elle approuve aussi que le château de Savigny, convenant mieux qu’un autre, vous acceptiez les offres du président de Migieu ; le refus qu’il en avait fait d’abord était fondé sur des raisons qui rendaient très excusable la conduite qu’il a tenue en cette occasion.
Comme votre départ pourrait faire de la peine et donner un nouveau sujet de chagrin à cette princesse, l’intention de S.A.R. est que vous restiez auprès d’elle jusqu’à nouvel ordre.

(A.G.)

Lettre de Charles Le Blanc, ministre de la guerre à La Billarderie, le 16 septembre 1719
Je sens parfaitement ce que vous me marquez de l’embarras que vous cause la mauvaise santé de Mme la duchesse du Maine ; on ne peut qu’approuver les attentions que vous avez à la ménager, et à l’égard de la marche, vous êtes le maître de régler les journées et les séjours comme vous le jugerez à propos.

(A.G.)

Lettre de Charles Le Blanc, ministre de la guerre à La Billarderie, le 27 septembre 1719
J’ai reçu la lettre que vous m’avez fait l’honneur de m’écrire au sujet de la mauvaise santé de Mme la duchesse du Maine, qui vous fait craindre pour sa personne, ou tout au moins de vous trouver forcé de vous arrêter dans quelque lieu où vous serez dénué de tout secours ; je sens parfaitement l’embarras et la peine que vous cause la commission dont vous et M. Desangles êtes chargés ; mais tout ce que je puis faire est de vous plaindre en cete occasion.

(A.G.)

Lettre de Charles Le Blanc, ministre de la guerre à La Billarderie, le 28 septembre 1719
Je vous suis très obligé du détail que vous me faites de l’état où s’est trouvée Mme la duchesse du Maine, à son arrivée à Chanceaux (Chanceaux est un village du département de la Côte-d’Or), je vous prie de continuer à me donner des nouvelles de la santé de cette princesse, et de la marche que vous ferez jusqu’à votre arrivée à Chalay.

(A.G.)

Lettre de Charles Le Blanc, ministre de la guerre à La Billarderie, le 4 octobre 1719
On ne peut trop louer les attentions que vous avez pour Mme la duchesse du Maine : je vous assure que S.A.R. vous en sait tout le gré que vous pouvez souhaiter ; puisque la litière du Roi vous devient inutile, vous ferez bien de la renvoyer.
Monsieur votre frère (M. de Favancourt était le frère de M. de la Billarderie) me parla hier des actions ; S.A.R. m’a ordonné de dire à M. Law qu’il vous en donnera pour 100,000 liv.

(A.G.)

Lettre de Charles Le Blanc, ministre de la guerre à La Billarderie, le 6 octobre 1719
J’ai reçu la lettre que vous m’avez fait l’honneur de m’écrire pour m’informer de la visite que vous avez été faire au château de Chamlay et de l’inconvénient que vous trouvez qu’il y aurait d’y faire aller Mme la duchesse du Maine, par rapport à la dysenterie qui règne dans le village. S.A.R., à qui j’en ai rendu compte, est très contente de vos attentions, et ne croit pas que cette maladie puisse être un obstacle au séjour que la princesse doit y faire, y ayant peu d’endroits dans le royaume où il n’y en ait eu cette année ; il faudra seulement prendre les précautions nécessaires pour qu’il y ait, le moins qu’il sera possible, de communication avec le village.

(A.G.)

Lettre de Charles Le Blanc, ministre de la guerre à La Billarderie, le 10 octobre 1719
S.A.R. m’a paru très contente des attentions que vous avez à ménager la santé de Mme la duchesse du Maine ; elle désirerait cependant que puissiez l’engager à aller à Chamlay le plus tôt qu’il sera possible. Vous sentez bien que jusqu’à ce qu’elle y soit établie, il ne convient pas que vous la quittiez. Lorsque vous y serez arrivé, je prendrai les ordres de S.A.R. pour votre retour ; en attendant, nous arrangerons, Monsieur votre frère et moi, vos actions de la Compagnie des Indes ; j’en ai parlé à M. Law, et pris avec lui les mesures nécessaires.

(A.G.)

Lettre de Charles Le Blanc, ministre de la guerre à La Billarderie, le 19 octobre 1719
Je sens parfaitement combien votre situation est méritoire ; tout ce que je puis vous dire sur cela de plus consolant, est que S.A.R., à qui je rends compte exactement de toutes vos fatigues, vous en sait tout le gré que vous pouvez souhaiter ; il faut espérer que votre arrivée à Chamlay vous donnera un peu plus de tranquillité.

(A.G.)

Lettre de Charles Le Blanc, ministre de la guerre à La Billarderie, le 24 octobre 1719
S.A.R. m’ordonne de vous faire savoir que Mme la princesse doit partir demain de Paris pour aller voir à Chamlay Mme la duchesse du Maine ; elle se propose d’y rester deux ou trois jours ; l’intention de S.A.R. est que Mme la princesse voie Mme la duchesse du Maine en particulier, comme elle le jugera à propos pendant le séjour qu’elle fera à Chamlay ; à l’égard des personnes qui accompagneront Mme la princesse, elles ne doivent pas avoir de conversation avec Mme la duchesse du Maine ; si cependant Mlles de Langeron et de Guittaut demandent à lui parler, elles le pourront faire en votre présence, ou celle de M. Desangles. Au surplus, S.A.R est bien persuadée de toute l’attention que vous aurez pour Mme la princesse, et elle compte que vous resterez à Chamlay aussi longtemps qu’elle y sera. Après son départ, comme Mme la duchesse du Maine sera établie à Chamlay, si M. Desangles est en bonne santé, S.A.R. approuvera que vous reveniez à Paris ; en attendant, je vous prie d’être persuadé que j’aurai attention à ce que l’on vous conserve 100,000 liv. d’actions que vous avez demandées. Vous pourrez garder le courrier que je vous envoie, et ne le faire partir qu’après l’arrivée de Mme la princesse, afin que vous puissiez m’informer par son retour de ce qui se sera passé à la première entrevue.

(A.G.)

Lettre de Charles Le Blanc, ministre de la guerre à La Billarderie, le 26 octobre 1719
Je vois par la lettre, etc., que Mme la duchesse du Maine s’étant trouvée en meilleur état de santé avait pris le parti de se rendre le samedi suivant à Chamlay ; vous m’avez fait plaisir de m’en informer, et je vous remercie de votre attention.

(A.G.)

Lettre de Charles Le Blanc, ministre de la guerre à Desangles, le 24 novembre 1719
Je voudrais fort pouvoir remédier à la situation où se trouve Mme du Maine ; mais il faut qu’elle se fasse un peu de raison ; l’espérance que Mme la princesse lui donne par la lettre ci-jointe doit l’engager à prendre encore patience.
Je sens l’embarras où vous vous trouvez étant seule auprès d’elle, et je tâcherai de vous envoyer un second, si M. de la Billarderie ne vous rejoint pas incessamment.

(A.G.)

Lettre de Charles Le Blanc, ministre de la guerre à La Billarderie, le 29 novembre 1719
J’ai cru devoir, avant votre départ, vous répéter les intentions de S.A.R. au sujet de votre voyage à Chamlay ; Mme la duchesse du Maine n’ignore pas que quelques-unes des personnes qu’elle a autrefois honorées de sa confiance ont expliqué ce qu’il y a eu de plus particulier dans les différentes parties de l’espèce de ministère dont elle les avait chargées, et qu’il sera aisé de distinguer si l’aveu qu’elle se propose de faire à S.A.R. sera sincère, ou si elle évitera d’éclaircir certains faits qui pourraient être des plus importants ; dès qu’elle vous a assuré de l’envie qu’elle a de regagner les bonnes grâces de S.A.R., on doit être persuadé qu’elle donnera une entière connaissance de ce qui s’est passé dans les différentes provinces du royaume ou dans les pays étrangers, et des relations qu’elle, ou des personnes qui agissaient par ses ordres, ont entretenues pour réussir dans leurs projets ; il est aussi nécessaire que Mme la duchesse du Maine nomme les auteurs de différents écrits composés par ses ordres, et dont quelques-uns ont été dictés et écrits en sa présence.
Vous êtes instruit par vous-même des sentiments de M. le régent et de ses dispositions favorables pour procurer à Mme la duchesse du Maine une situation convenable ; c’est à vous à la déterminer, afin que l’aveu entier et bien circonstancié qu’elle vous chargera de rapporter ne laisse aucun lieu de douter qu’elle est entièrement revenue des préventions qui lui avaient été suggérées, et auxquelles S.A.R. veut bien croire qu’elle ne s’est livrée qu’avec peine.

Vous voyez combien il est important de faire bien sentir à Mme la duchesse du Maine que, pour marquer son parfait retour et confirmer S.A.R. dans les bonnes dispositions que votre rapport lui a inspirées, elle doit bien expliquer les circonstances de tout ce qui s’est passé et sans ménagement, puisqu’elle doit bien sentir que l’on n’ ignore pas les manoeuvres qui ont été pratiquées.

(A.G.)


3) Le duc de Maine arrêté à Sceaux par La Billarderie, lieutenant des gardes du corps, et conduit dans la citadelle de Dourlens.


(source :
)

Chapitre IX, p. 95 à 98
Le lendemain, sur les dix heures du matin, ayant fait filer des gardes du corps tout à l’entour de Sceaux sans bruit et sans paroitre, La Billarderie, lieutenant des gardes du corps, y alla et arrêta le duc du Maine, comme il sortoit d’entendre la messe dans sa chapelle, et fort respectueusement le pria de ne pas rentrer chez lui, et de monter tout de suite dans un carrosse qui l’avoit amené. M. du Maine, qui avoit mis bon ordre qu’on ne trouvât rien chez lui ni chez pas un de ses gens, et qui étoit seul à Sceaux avec ses domestiques, ne fit pas la moindre résistance. Il répondit qu’il s’attendoit depuis quelques jours à ce compliment, et monta sur-le-champ dans le carrosse. La Billarderie s’y mit à côté de lui, et sur le devant un exempt des gardes du corps et Favancourt, (Favancourt était le frère de La Billarderie) brigadier dans la première compagnie des mousquetaires, destiné à le garder dans sa prison.
Comme ils ne parurent devant le duc du Maine que dans le moment qu’ils montèrent en carrosse, le duc du Maine parut surpris et ému de voir Favancourt. Il ne l’auroit pas été de l’exempt des gardes ; mais la vue de l’autre l’abattit. Il demanda à La Billarderie ce que cela vouloit dire, qui alors ne put lui dissimuler que Favancourt prit ce moment pour faire son compliment comme il put, auquel le duc du Maine ne répondit presque rien, mais d’une manière civile et craintive. Ces propos les conduisirent au bout de l’avenue de Sceaux, où les gardes du corps parurent. L’aspect en fit changer de couleur au duc du Maine.
Le silence fut peu interrompu dans le carrosse. Par-ci, par-là M. du Maine disoit qu’il étoit très-innocent des soupçons qu’on avoit contre lui, qu’il étoit très-attaché au roi, qu’il ne l’étoit pas moins à M. le duc d’Orléans, qui ne pourroit s’empêcher de le reconnoître, et qu’il étoit bien malheureux que Son Altesse Royale donnât créance à ses ennemis, mais sans jamais nommer personne : tout cela par hoquets et parmi force soupirs, de temps en temps des signes de croix et de marmottages bas comme de prières, et des plongeons de sa part à chaque église ou à chaque croix par où ils passoient. Il mangea avec eux dans le carrosse assez peu, tout seul le soir, force précautions à la couchée. Il ne sut que le lendemain qu’il alloit à Dourlens. Il ne témoigna rien là-dessus. J’ai su toutes ces circonstances et celles de sa prison après qu’il en fut sorti, par ce même Favancourt que je connoissois fort, parce que c’étoit lui qui m’avoit appris l’exercice, et qui étoit sous-brigadier de la brigade de Crenay, dans la première compagnie des mousquetaires, dans le temps que j’y étois dans cette même brigade, et qui m’avoit toujours toujours courtisé depuis. M. du Maine eut deux valets avec lui et fut presque toujours gardé à vue.
Au même instant qu’il fut arrêté, Ancenis, qui venoit d’avoir la survivance de la charge de capitaine des gardes du corps de Charost, son père, alla arrêter la duchesse du Maine dans sa maison, rue Saint-Honoré. Un lieutenant eet un exempt des gardes du corps à pied, et une troupe de gardes du corps parurent en même temps et se saisirent de la maison et des portes. Le cmpliment du duc d’Ancenis fut aigrement reçu. Mme du Maine voulut prendre des cassettes. Ancenis s’y opposa. Elle réclama au moins ses pierreries : altercation fort haute d’une part, fort modeste de l’autre ; mais il fallu céder. Elle s’emporta contre la violence faite à une personne de son rang, sans rien dire de très désobligeant à M. d’Ancenis et sans nommer personne. Elle différa de partir tant qu’elle put, malgré les instances d’Ancenis, qui à la fin lui présenta la main, e lui dit poliment, mais fermement, qu’il falloit partir. Elle trouva à sa porte deux carrosses de remise, tous deux à six chevaux, dont la vue la scandalisa fort. Il fallut pourtant y monter. Ancenis se mit à côté d’elle, le lieutenant et l’exempt des gardes sur le devant, deux femmes de chambre, qu’elle choisit, avec ses hardes, qu’on visita, dans l’autr