Mon cher général,
Je suis bien fâché qu'une indisposition m'avait [sic] empêché jusqu'à ce jour de vous recevoir, et il me tarde de vous renouveler l'assurance de mes sentiments affectueux. Venez donc dîner ce vendredi à trois heures. Je serai heureux de causer avec vous.
Croyez à ma haute estime
LOUIS-NAPOLEON B.
* Le secret du coup d'Etat (Guedalla-Kerry / Emile-Paul 1928 /p.130)
" Vous prêchez une convertie, mon cher Auguste, mais chacun doit être libre d'agir selon sa conscience et je suis incapable d'influencer M de Flahaut dans ses décisions… (mais comme il faut que chacun agisse librement selon sa conscience, je ne peux exercer aucune influence sur la volonté de M de Flahault) Mes idées anglaises me feront mettre toujours le salut du pays avant la politique personnelle ou sentimentale, et je crois que la prolongation des pouvoirs du Président dans une forme monarchique quelconque est fort nécessaire pour assurer le repos et la tranquillité de la France, et pour la défendre contre les intrigues et les agressions étrangères, qui ne tarderont pas à arriver ! Personne ne conserve plus de sentiments affectueux pour la famille d'Orléans que moi, et ne porte plus d'intérêt aux malheureux enfants du duc d'Orléans, que j'ai vu naître. Mais mes principes constitutionnels, qui m'ont fait pousser M de Flahault à se rallier à la branche cadette en 1830, agissent dans un sens contraire aujourd'hui ; car je trouve que le Président a six millions de raisons de plus en sa faveur que n'a eu Louis-Philippe quand il a été appelé à gouverner le pays par Messieurs Lafayette, Lafitte, [sic] Pasquier, Decaze et Comp[agnie], et que son droit d'être à la tête du gouvernement ne peut être légalement contesté par personne, excepté ceux qui ne reconnaissent que le droit divin ! Il n'est pas douteux que, si M de Flahaut suivait son inclination (son penchant) , il n'hésiterait pas une minute à servir le neveu et l'héritier de l'Empereur, mais il déteste (abhorre) la République et il en a vraiment dit trop de mal pour la servir avec dévouement (pour la représenter de très bonne grâce). Voici le plus grand obstacle, à mon avis, mais d'un autre côté, comme je considère que la question politique se réduit à opter entre un gouvernement d'ordre et la république rouge, je crois, moi, que c'est le devoir de tout honnête homme de soutenir, et de donner toute la force possible à la forme de gouvernement qui donne le plus de garanties contre l'anarchie et les socialistes.
Voici ma politique, mon cher Auguste, et si l'exemple de M de F[lahault] pourrait [sic] entraîner d'autres à se déclarer en faveur du Président dans un moment aussi important, je regretterai davantage qu'il ne se trouve pas libre, et en position de l'aider dans sa grande et belle tâche, qu'il poursuit si dignement. Vous connaissez M de F[lahaut] et savez comme il tient à ce que sa conduite ne puisse pas être mal interprétée et attribuée à un motif intéressé. Le temps et les circonstances peuvent modifier cette délicatesse peut-être..."
* Flahaut (Françoise de Bernardy / Perrin / p.306)* Le secret du coup d'Etat (Guedalla-Kerry / Emile-Paul 1928 /p.119 à 121)
"Si je m'étais éloigné (…) j'aurais fait parler davantage. Il était plus naturel et plus convenable pour lui et pour moi de nous voir et de laisser aux circonstances le soin de nous lier davantage. Entre frères, la sympathie et l'affection s'établissent promptement. Je le sentis au moins pour ma part. J'étais merveilleusement placé pour être utile au prince."
* Morny, un voluptueux au pouvoir (Rouart / Gallimard / p.141)
(télégramme)
A 9 heures Paris est calme. L'émeute d'hier a été rapidement et énergiquement réprimée. Le Ministre de la Guerre a publié une proclamation aux termes de laquelle tout individu pris sur les barricades ou les armes à la main sera immédiatement passé par les armes. Les départements sont calmes. Presque tous les députés du Xè arrondissement ont été relâchés.
Le secret du coup d'Etat (Guedalla-Kerry / Emile-Paul 1928 /p.164-165)
(télégramme)
4 décembre, 7 heures. Insurrection vaincue. Troupes rentrées au repos. Rapport des départements excellent. Aucune autre ville pris part à insurrection.
Signé (pour le Ministre) : Léopold Le Blanc(Probablement une erreur : pour Léopold Le Hon, qi était alors chef de cabinet de Morny.
Le secret du coup d'Etat (Guedalla-Kerry / Emile-Paul 1928 /p.165)
Mon cher ami,
Le Prince veut vous charger d'annoncer officiellement au Gouvernement anglais le résultat du vote. Vous recevrez vos pouvoirs réguliers à cet effet et j'ai répondu à votre accepation.Je vous embrasse à la hâte, avec toute la famille.
Nous marchons vers 7 000 000 de votes.
* Le secret du coup d'Etat (Guedalla-Kerry / Emile-Paul 1928 /p.209)
Le Prince lui dit qu'il avait toujours à son service un cocher donné par lui à la reine Hortense en 1815, quand il pensait s'établir en Suisse avec elle. "cela dénote un bon cœur,"
* Dans l'entourage de l'Empereur (Emile Dard / Plon / p.59)
toute la correspondance échangée entre Charles de Flahaut et sa femme Margaret Mercer Elphinstone
" Mon cher ami, je regrette que ma lettre à Mme de Flahaut vous ait déplu… J'ai pour le prince un attachement bien naturel, mais j'espère que vous ne pensez pas qu'il puisse se comparer à l'affection que je vous porte… J'avais cru que ce projet serait utile pour lui, agréable pour vous, et que votre refus était motivé par des scrupules que je trouvais, de votre part, fort exagérés…"
* Flahaut (François de Bernardy / Perrin / p.306)
Je viens de recevoir vos deux lettres d'hier où vous me contez les merveilles de la Grande Exposition.J'espère qu'elle réussira, mais j'en serais étonnée.Je vous dois une réponse au sujet de Cassiobury. Je suis très surpris que vous n'ayez rien su de Lady E. (Essex) ; même en dehors d'Angleterre elle a mené grand bruit, à Carlsbad on ne parlait que de ses histoires.Je pense que vous-même, qui êtes une personne respectable, devez vous tenir en garde ; en tout cas, pour rien au monde je vous prie de ne pas y emmener Georgina. Elle n'aura qu'à feindre une indisposition...Je ne peux vous dire à quel point m'amuse votre imagination folle au sujet de l'action des puissances germaniques...
* Le secret du coup d'Etat (Guedalla-Kerry / Emile-Paul 1928 /p.125)
toute la correspondance échangée entre Charles de Flahaut et sa femme Margaret Mercer Elphinstone
(Télégramme reçu à 8h6, le soir)
"Tout est fini. Nous sommes victorieux sur toute la ligne et la France entière approuve. Qu'il serait admirable, de croire la Société (Les auteurs du coup d'Etat se piquaient avec complaisance d'être les sauveurs de "la Société") protégée pour longtemps"
* Le coup du 2 décembre (Henri Guillemin / Gallimard)* Le secret du coup d'Etat (Guedalla-Kerry / Emile-Paul 1928 /p.166-167)