J'ai reçu une lettre d'Emilie écrite dans l'esprit que vous me signalez et j'y ai répondu. Dites-lui de vous montrer ma réponse. Je n'ai assurément pas l'intention d'accepter aucune fonction ; atant donné l'état de santé de Louisa (La dernière fille de Flahaut. Elle était phtisique et mourut dix-huit mois plus tard), ce serait une séparation trop pénible ; mais je ne puis refuser à Auguste et au Président le soutien moral dont ils ont besoin, surtout au début. J'espère vous rejoindre le 22 ou le 23.Bien des mesures énergiques doivent être prises. Il serait véritablement navrant que le Gouvernement anglais eût la vue assez courte pour juger de ce qui se passe d'après les principes et les actes anglais. Tout est différent - hommes et choses. Lisez ma lettre à Emilie (du 6 décembre) : j'y ai exposé l'état de choses qui a amené à prendre la résolution du coup d'Etat et à l'exécuter. Toutes les personnes sérieuses commencent à admettre que c'était la seule manière de sauver le pays des dangers qui le menacent ; par contre, les gens du monde seront insupportables cet hiver. La désunion est telle dans certaines familles que même à Passy (chez les Delessert) il y a un schisme absolu...
La confiance revient, les rentes remontent, et tout le pays, sauf les gens du monde, se réjouit de ce qui a eu lieu.Il est étrange que Normandy ([sic], pour Normanby, Constantin, Henri Phipps, 1er marquis de (1797-1863), - membre du Parlement dans le parti whig, titulaire de hautes charges publiques, ambassadeur de Grande-Bretagne à Paris de 1846 à 1852. [note du traducteur]) se montre aussi réservé sur les derniers événements, lui qui a accepté si facilement et si plaisamment le renversement violent du gouvernement de Louis-Ph[ilippe]....Adieu, ma chère Marguerite ; j'ai hâte de vous revoir et vous pouvez compter sur moi aussitôt que les votes auront été émis - soit le 23 ou le 24.
Post-scriptum :Ma chère Louise,J'ai reçu et lu à Auguste votre aimable petit mot. Il en a été touché jusqu'au coeur. Pauvre garçon - il s'est amirablement conduit, mais il est l'objet de la haine de tous les représentants et de tout ce qui tient à eux...
Le secret du coup d'Etat (Guedalla-Kerry / Emile-Paul 1928 /p.170 à 172)
toute la correspondance échangée entre Charles de Flahaut et sa femme Margaret Mercer Elphinstone
J'ai fort peu de temps aujourd'hui, car Auguste et ses amis m'en prennent une bonne part et m'ont prié d'assister à leur conférence, où j'ai siégé sans interruption depuis les nouveaux événements. Quoiqu'il en soit, vous pouvez être persuadée que, sauf cas de force majeure, je ne ferai rien qui puisse me tenir loin de vous au delà du 22 ou 23...
Tout va bien, mais dans le monde on manifeste beaucoup d'aigreur - "Ce n'est pas tenable". Je voudrais qu'il n'y eût pas de mer entre nous. Je vous aurais invitées à venir, vous et Georgina, et à occuper l'appartement d'Auguste. Ce lui aurait fait le plus grand plaisir : il m'a prié de vous en faire part.
Le secret du coup d'Etat (Guedalla-Kerry / Emile-Paul 1928 /p.172)
toute la correspondance échangée entre Charles de Flahaut et sa femme Margaret Mercer Elphinstone
Je vous envoie la lettre de Papa avec tous mes remerciements. Les voilà engagés dans une belle affaire à Paris ! Je doute que cela se termine de manière pacifique.J'ai été hier à Calne... Lady Pembroke et Lady Bruce répétaient à qui voulait l'entendre - c'était, je crois, Maussion qui avait fait circuler ce bruit (du moins selon Lady Dunmore) - que Papa était parti pour Paris pour être nommé Premier Ministre et tirer le Président de ses difficultés ! J'ai répondu à cela que j'avais, le matin même, reçu des nouvelles de Papa qui annonçait son retour pour le 28 et que, quoique les ministères fussent de courte durée en France, le sien, à mon avis, durerait encore moins que les autres. Lady Pembroke a déclaré alors qu'elle n'avait jamais cru à pareil bruit, car elle savait Papa bien trop sage assurément pour le justifier, etc....
* Le secret du coup d'Etat (Guedalla-Kerry / Emile-Paul 1928 /p.144-145)
Je vous envoie la lettre de Papa avec tous mes remerciements. Les voilà engagés dans une belle affaire à Paris ! Je doute que cela se termine de manière pacifique.J'ai été hier à Calne... Lady Pembroke et Lady Bruce répétaient à qui voulait l'entendre - c'était, je crois, Maussion qui avait fait circuler ce bruit (du moins selon Lady Dunmore) - que Papa était parti pour Paris pour être nommé Premier Ministre et tirer le Président de ses difficultés ! J'ai répondu à cela que j'avais, le matin même, reçu des nouvelles de Papa qui annonçait son retour pour le 28 et que, quoique les ministères fussent de courte durée en France, le sien, à mon avis, durerait encore moins que les autres. Lady Pembroke a déclaré alors qu'elle n'avait jamais cru à pareil bruit, car elle savait Papa bien trop sage assurément pour le justifier, etc....
* Le secret du coup d'Etat (Guedalla-Kerry / Emile-Paul 1928 /p.144-145)
toute la correspondance échangée entre Charles de Flahaut et sa femme Margaret Mercer Elphinstone
Je vous renvoie la lettre de Papa avec tous mes remerciements. On est heureux d'avoir des récits dignes de créance parmi tous les bruits contradictoires dont les journaux sont pleins.Vous savez quel est depuis longtemps mon sentiment sur le petit Thiers ; vous ne me soupçonnerez donc pas de partialité à son endroit. Mais je comprends fort bien que des hommes tels que M Molé et les plus respectables du parti modéré éprouvent un sérieux mécontentement d'être sommés d'abroger ce qu'on leur avait demandé de voter il n'y a guère plus d'un an (C'est-à-dire la loi électorale du 31 mai 1850), avant tout parce qu'ils serviraient les idées personnelles du Président. peut-être n'est-il pas politique de refuser de voter l'abrogation dans les circonstances que traverse actuellement le pays ; mais je conçois aisément qu'ils soient irrités. J'ai d'ailleurs l'impression que, si le Président avait laissé les événements suivre leur cours, - n'aurait-il pas même eu le nombre de voix requis par la Constitution, - il aurait pourtant été réélu par une majorité telle que tout autre candidat aurait été battu, et du moins sa réputation de constance et de bonne foi n'en aurait pas souffert.
* Le secret du coup d'Etat (Guedalla-Kerry / Emile-Paul 1928 /p.146-147)
toute la correspondance échangée entre Charles de Flahaut et sa femme Margaret Mercer Elphinstone
Je vous renvoie la lettre de Papa avec tous mes remerciements. On est heureux d'avoir des récits dignes de créance parmi tous les bruits contradictoires dont les journaux sont pleins.Vous savez quel est depuis longtemps mon sentiment sur le petit Thiers ; vous ne me soupçonnerez donc pas de partialité à son endroit. Mais je comprends fort bien que des hommes tels que M Molé et les plus respectables du parti modéré éprouvent un sérieux mécontentement d'être sommés d'abroger ce qu'on leur avait demandé de voter il n'y a guère plus d'un an (C'est-à-dire la loi électorale du 31 mai 1850), avant tout parce qu'ils serviraient les idées personnelles du Président. peut-être n'est-il pas politique de refuser de voter l'abrogation dans les circonstances que traverse actuellement le pays ; mais je conçois aisément qu'ils soient irrités. J'ai d'ailleurs l'impression que, si le Président avait laissé les événements suivre leur cours, - n'aurait-il pas même eu le nombre de voix requis par la Constitution, - il aurait pourtant été réélu par une majorité telle que tout autre candidat aurait été battu, et du moins sa réputation de constance et de bonne foi n'en aurait pas souffert.
* Le secret du coup d'Etat (Guedalla-Kerry / Emile-Paul 1928 /p.146-147)
Je donne cette lettre à Lord Lansdowne qui couche en ville ce soir afin d'être prêt pour le Conseil à Windsor demain.Papa doit être dégoûté par l'état de choses à Paris, et les petits déjeuners d'Auguste ne contribueront pas à améliorer son opinion sur les hommes politiques de là-bas. Je voudrais pouvoir éprouver quelque enthousiasme pour un parti, mais j'ai beau faire, cela ne viendrait pas !Nous sommes invités à Panshanger (Résidence, dans le Hertfordshire, de George, 6ème Earl Cowper, dont la mère avait épousé Lord Palmerston.) le 9 (Les dames de Flahault séjournèrent ensemble à Panshanger du 9 au 15 décembre ; elles tinrent Henri Greville, également invité à Panshanger, au courant des événements qui se déroulaient à Paris (II. Greville, Journal)...Lord Lansdowne ira à Londres pour les affaires du Cabinet le dernier jour du mois pendant 8 à 10 jours...Nous nous y rendrons certainement aussi quelques jours avant d'aller à Panshanger ; j'espère que Papa sera de retour alors.
* Le secret du coup d'Etat (Guedalla-Kerry / Emile-Paul 1928 /p.151)
Ma lettre de Boulogne vous a conté mes souffrances (Vraisemblablement, il s'agit du mal de mer auquel Flahault était sujet). Je suis enfin arrivé ici hier soir à minuit. Auguste était sorti. Je me suis donc couché et, peu après une heure, il m'a réveillé ; après lui avoir serré la main je l'ai congédié. Nous avons déjeuné ensemble ce matin et longuement causé ; j'en ai conclu que j'avais raison sur bien des points, sinon sur tous. J'ai voyagé avec un jeune Anglais qui n'approuvait pas du tout les changements survenus dans ce pays et m'a tenu un langage peu banal.
* Le secret du coup d'Etat (Guedalla-Kerry / Emile-Paul 1928 /p.142-143)
toute la correspondance échangée entre Charles de Flahaut et sa femme Margaret Mercer Elphinstone
" Mon cher Morny,
N'oubliez pas de m'apporter à 1 heure les circulaires.Tout à vous.
L.N.B.
(confidentielle)
LOUIS-NAPOLEON B."
* Le secret du coup d'Etat (Guedalla-Kerry / Emile-Paul 1928 /p.158)
" Mon cher général,
Je vous verrai avec grand plaisir venir avec moi à cheval, ce matin vers huit heures.Recevez l'assurance de mes sentiments de haute estime.
LOUIS-NAPOLEON B."
* Flahaut (Françoise de Bernardy / Perrin / p.311)* Le secret du coup d'Etat (Guedalla-Kerry / Emile-Paul 1928 /p.157-158)