30 septembre 1849 | Charles de Flahaut à sa femme | attitude de Cavaignac

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Contenu de la correspondance

Richmond, dimanche 30 septembre 1849
Ma chère Marguerite,... Je rentre à l'instant d'une visite à Madame de Liéven avec Auguste. Pauvre femme ! Combien elle doit être ennuyée si l'on en juge par la joie qu'elle manifeste lorsqu'on entre dans sa chambre ! Il paraît, d'après les lettres qu'elle a reçues de Varsovie, que le rapport adressé au gouvernement anglais par le consul d'Angleterre au sujet du mauvais accueil fait au général Lamoricière, (Le général Lamoricière fut envoyé en qualité d'ambassadeur extraordinaire auprès de Nicolas 1er, empereur de Russie, dans l'automne 1849.) est inexact ou du moins très exagéré. Mais il est piquant de voir comme cet ami de Cavaignac, représentant de la République, flatte l'Empereur de son mieux. A l'occasion d'une revue militaire, il lui a dit : "Il est facile d'avoir un bon système politique, quand il est appuyé par de belles troupes." Avec les autres membres du Corps Diplomatique il a été invité à la cérémonie de la procession des drapeaux capturés aux Hongrois ; il a dû comme eux s'agenouiller, en actions de grâces pour les victoires russes. Quand ils se relevèrent, l'Empereur lui déclara : "Général, vous avez cueilli dans les rues de Paris au mois de juin les premiers lauriers de la gloire que nous célébrons." Bien dit, n'est-ce pas ?Quelles canailles cette bande Dufaure, Tocqueville et Beaumont, qui prônent les principes républicains en public et, dans le privé, se moquent de la république et font la curée de toutes les places !La princesse Metternich vient d'arriver. Ils n'ont pas pu trouver une maison à Bruxelles et vont y envoyer Richard, mais je suppose que Mme Artaud pourvoira à ses besoins.
* Le secret du coup d'Etat (Guedalla-Kerry / Emile-Paul 1928 /p.92-93)

toute la correspondance échangée entre Charles de Flahaut et sa femme Margaret Mercer Elphinstone

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Richmond, dimanche 30 septembre 1849
Ma chère Marguerite,... Je rentre à l'instant d'une visite à Madame de Liéven avec Auguste. Pauvre femme ! Combien elle doit être ennuyée si l'on en juge par la joie qu'elle manifeste lorsqu'on entre dans sa chambre ! Il paraît, d'après les lettres qu'elle a reçues de Varsovie, que le rapport adressé au gouvernement anglais par le consul d'Angleterre au sujet du mauvais accueil fait au général Lamoricière, (Le général Lamoricière fut envoyé en qualité d'ambassadeur extraordinaire auprès de Nicolas 1er, empereur de Russie, dans l'automne 1849.) est inexact ou du moins très exagéré. Mais il est piquant de voir comme cet ami de Cavaignac, représentant de la République, flatte l'Empereur de son mieux. A l'occasion d'une revue militaire, il lui a dit : "Il est facile d'avoir un bon système politique, quand il est appuyé par de belles troupes." Avec les autres membres du Corps Diplomatique il a été invité à la cérémonie de la procession des drapeaux capturés aux Hongrois ; il a dû comme eux s'agenouiller, en actions de grâces pour les victoires russes. Quand ils se relevèrent, l'Empereur lui déclara : "Général, vous avez cueilli dans les rues de Paris au mois de juin les premiers lauriers de la gloire que nous célébrons." Bien dit, n'est-ce pas ?Quelles canailles cette bande Dufaure, Tocqueville et Beaumont, qui prônent les principes républicains en public et, dans le privé, se moquent de la république et font la curée de toutes les places !La princesse Metternich vient d'arriver. Ils n'ont pas pu trouver une maison à Bruxelles et vont y envoyer Richard, mais je suppose que Mme Artaud pourvoira à ses besoins.
* Le secret du coup d'Etat (Guedalla-Kerry / Emile-Paul 1928 /p.92-93)

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" Ce que racontent les journaux à propos d'une scène entre le prince Louis et son cousin est-il vrai ? Quel coquin que ce dernier ! Grand Dieu, l'expérience ne leur a-t-elle donc rien appris, et cette malheureuse famille commettra-t-elle toujours les mêmes fautes ? L'Empereur a tant souffert pour eux ! Rien ne peut être plus certain que la fausseté des misérables propos de Jérôme-Napoléon. J'étais en ce moment-là en Prusse, mais j'ai entendu dire que le roi et la reine (Louis et Hortense) avaient été réunis par le malheur qu'ils avaient eu de perdre leur fils aîné. Dans tout ceci, la haine des Bonaparte contre les Beauharnais ressort une fois de plus, comme dans le passé."
* Flahaut (Françoise de Bernardy / Perrin / p.301)
" Ce que les journaux rapportent d'une scène entre le P[rince] L[ouis] et son cousin est-il exact ? Quel misérable coquin serait ce dernier ! Faut-il, mon Dieu, que l'expérience ne serve à rien, et que les mêmes fautes soient faites par cette déplorable famille ? Quels chagrins n'a-t-elle pas causés à l'Empereur ? (Napoléon 1er) Je crois que rien n'est plus prouvé que la fausseté des paroles grossières prononcées par Napoléon (Plon-Plon). Nous étions alors en Prusse, mais j'ai ouï dire que c'est par suite du malheur qui les avait frappés (la perte de leur premier enfant) qu'un rapprochement s'est opéré entre le Roi et la Reine. Dans tous ceci, c'est la haine des Bonaparte contre les Beauharnais qui se montre aujourd'hui comme autrefois. Tout le monde est indigné ici contre Napoléon.Adieu. Ecrivez-moi quelques mots. Que le Prince L[ouis] prenne bien garde aux nominations diplomatiques, même dans les grades inférieurs, près des cours où résident des prétendants rivaux. C'est, croyez-moi, très important.Je ne connais rien de plus infâme que de se rattacher à un gouvernement pour le trahir, mais cela n'empêche pas que cela ne se fasse.
Dans toute ma jeunesse j'ai entendu dire que l'Empereur était fils de M de Marbeuf.
Adieu, mon cher ami. Je vous embrasse de tout mon coeur. La discussion de Lundi durera deux jours, mais on croit de plus en plus que le Ministère l'emportera."
* Le secret du coup d'Etat (Guedalla-Kerry / Emile-Paul 1928 /p.84-85)

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En avril 1849, Thiers confie à Flahaut que son beau-père, le banquier Dosne, lequel "a travaillé toute sa vie pour assurer une fortune à ses enfants" a vu "cette odieuse révolution de 1848 en détruire une partie", et Thiers, en gémissant, prétend ne disposer plus désormais que d'un "avoir très modique".
* Le coup du 2 décembre (Henri Guillemin / Gallimard / p.34)

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J'aimerais que vous vinssiez à Londres avant mon départ pour Paris. J'ai reçu une lettre de M. de Chabannes. Il m'y écrit que la duchesse d'Orléans lui a envoyé une lettre pour vous (Sa lettre du 23 septembre) qu'elle lui prie de transmettre par voie sûre ; elle lui demande à ce propos s'il compte me l'envoyer ou s'informer de votre adresse. Je viens de lui répondre en le priant de vous l'adresser à Tullyallan.
Que pensez-vous des nouvelles de Constantinople ? (Le mouvement révolutionnaire en Autriche ayant été défait, Kossuth, Bem et d'autres chefs se réfugièrent en Turquie. Le tsar Nicolas adressa alors, de concert avec le gouvernement autrichien, une demande d'extradition que le Sultan repoussa, lorsqu'il fut assuré que l'Angleterre l'appuyerait dans cette voie.) Serait-il possible que la paix du monde, qui a survécu à la Révolution de 1830, à celle de Belgique, de Pologne et à toutes celles de 1848, fût rompue à cause de cette bande de gredins révolutionnaires ? Ce serait par trop fort, - et pourtant je ne vois pas comment éviter le conflit. L'Empereur Nicolas ayant adressé une demande d'extradition ne peut plus y renoncer, sous peine d'abandonner la politique constamment suivie par la Russie à Constantinople - celle d'un suzerain vis-à-vis d'un vassal. D'autre part, le Sultan (qui est jeune) et Rechid Pacha (qui a puisé en France et en Angleterre des idées civilisées) ne céderont vraisemblablement pas, car ils sont soutenus par Canning, - que les journaux qualifient de magnanime et de noble, mais que j'appellerai, moi, une mauvaise pièce, - et par cet imbécile d'Aupick. Leur rôle, j'estime, consiste à intervenir dans un sens pacifique et non pas à souffler sur le feu.
Qu'adviendra-t-il donc ? - Une guerre générale, du sang répandu et la ruine universelle à cause de Kossuth et de Bem. J'espère cependant que le gouvernement autrichien, qui n'a ni le désir de marcher sur Constantinople, ni intérêt à la destruction de l'Empire ottoman, se bornera à une rupture des relations diplomatiques et laissera la Russie, qui n'a aucun besoin d'assistance, vider sa propre querelle avec la Porte. Ainsi l'occasion sera perdue pour P... (Palmerston) de recommencer les menées qu'il a poursuivies en Italie.
A propos, avez-vous lu une note de Temple (Frère de Lord Palmerston, et ministre plénipotentiaire de Grande-Bretagne à la Cour de Naples) au gouvernement napolitain, publiée dans le Chronicle, avec la délicieuse réponse du ministre Fortunato ? - bien fortuné, en vérité, d'avoir pu rétorquer pareille lettre. Comment un ministre d'Angleterre peut-il se mettre dans le cas de recevoir une rebuffade aussi juste et humiliante ! Cette pauvre Mme de Liéven est désespérée à l'idée de devoir quitter la France et l'Angleterre (Parce que son mari, le prince de Liéven, était diplomate russe) ; je dirai même qu'elle va jusqu'à blâmer au fond de son coeur l'imprudence du tzar.
Adieu, ma bien chère Marguerite, je vous embrasse de tout mon coeur.
Le secret du coup d'Etat (Guedalla-Kerry / Emile-Paul 1928 / p.93 à 95)

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J'aimerais que vous vinssiez à Londres avant mon départ pour Paris. J'ai reçu une lettre de M. de Chabannes. Il m'y écrit que la duchesse d'Orléans lui a envoyé une lettre pour vous (Sa lettre du 23 septembre) qu'elle lui prie de transmettre par voie sûre ; elle lui demande à ce propos s'il compte me l'envoyer ou s'informer de votre adresse. Je viens de lui répondre en le priant de vous l'adresser à Tullyallan.
Que pensez-vous des nouvelles de Constantinople ? (Le mouvement révolutionnaire en Autriche ayant été défait, Kossuth, Bem et d'autres chefs se réfugièrent en Turquie. Le tsar Nicolas adressa alors, de concert avec le gouvernement autrichien, une demande d'extradition que le Sultan repoussa, lorsqu'il fut assuré que l'Angleterre l'appuyerait dans cette voie.) Serait-il possible que la paix du monde, qui a survécu à la Révolution de 1830, à celle de Belgique, de Pologne et à toutes celles de 1848, fût rompue à cause de cette bande de gredins révolutionnaires ? Ce serait par trop fort, - et pourtant je ne vois pas comment éviter le conflit. L'Empereur Nicolas ayant adressé une demande d'extradition ne peut plus y renoncer, sous peine d'abandonner la politique constamment suivie par la Russie à Constantinople - celle d'un suzerain vis-à-vis d'un vassal. D'autre part, le Sultan (qui est jeune) et Rechid Pacha (qui a puisé en France et en Angleterre des idées civilisées) ne céderont vraisemblablement pas, car ils sont soutenus par Canning, - que les journaux qualifient de magnanime et de noble, mais que j'appellerai, moi, une mauvaise pièce, - et par cet imbécile d'Aupick. Leur rôle, j'estime, consiste à intervenir dans un sens pacifique et non pas à souffler sur le feu.
Qu'adviendra-t-il donc ? - Une guerre générale, du sang répandu et la ruine universelle à cause de Kossuth et de Bem. J'espère cependant que le gouvernement autrichien, qui n'a ni le désir de marcher sur Constantinople, ni intérêt à la destruction de l'Empire ottoman, se bornera à une rupture des relations diplomatiques et laissera la Russie, qui n'a aucun besoin d'assistance, vider sa propre querelle avec la Porte. Ainsi l'occasion sera perdue pour P... (Palmerston) de recommencer les menées qu'il a poursuivies en Italie.
A propos, avez-vous lu une note de Temple (Frère de Lord Palmerston, et ministre plénipotentiaire de Grande-Bretagne à la Cour de Naples) au gouvernement napolitain, publiée dans le Chronicle, avec la délicieuse réponse du ministre Fortunato ? - bien fortuné, en vérité, d'avoir pu rétorquer pareille lettre. Comment un ministre d'Angleterre peut-il se mettre dans le cas de recevoir une rebuffade aussi juste et humiliante ! Cette pauvre Mme de Liéven est désespérée à l'idée de devoir quitter la France et l'Angleterre (Parce que son mari, le prince de Liéven, était diplomate russe) ; je dirai même qu'elle va jusqu'à blâmer au fond de son coeur l'imprudence du tzar.
Adieu, ma bien chère Marguerite, je vous embrasse de tout mon coeur.
Le secret du coup d'Etat (Guedalla-Kerry / Emile-Paul 1928 / p.93 à 95)

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Je viens de rentrer de Mivarts où j'ai dit adieu au pauvre vieux Prince (Metternich) , que je crois bien ne jamais plus revoir, malgré ma promesse d'aller lui rendre visite, soit à Bruxelles, soit à Johannisberg l'année prochaine. Il m'a prié de vous dire mille affections à vous et à Georgy (Seconde fille de Flahault, plus tard marquise de Lavalette), avec son regret de ne vous avoir point serré les mains à toutes les deux. Mme Sandor, Hermione et Mélanie (Filles de Metternich) sont ici jusqu'à jeudi.
J'ai dîné hier chez la vieille Lady Grey avec Sir George Grey, Charles Wood, Lord Carlisle et Lady Tankerville. Fort agréable. La conversation n'a guère porté sur la politique, mais, du peu qu'on en a dit, j'ai lieu d'espérer que l'orage se dissipe à Constantinople. Bem et quarante réfugiés sous ses ordres ont embrassé la religion musulmane. Zamoyski n'en est pas.
J'ignore à quelle opinion vous faites allusion, opinion que vous auriez émise et que nous n'admettrions pas ; mais si vous entendez par là que l'assistance prêtée par l'empereur Nicolas à l'Autriche aurait pour mobile des vues personnelles et ambitieuses, vous êtes la seule de cet avis en Europe. Sa demande d'extradition n'a d'autre but que de voir ces hommes coupables ne pas rester impunis : il est grand temps vraiment que justice soit rendue. Je ne suis pas du tout flatté de ce que vous m'assimiliez à ces conspirateurs errants. Je n'ai jamais été impliqué dans aucune conspiration. En 1815 je n'ai rejoint Napoléon qu'après que Louis XVIII eût quitté Paris. Je ne peux donc accepter votre rapprochement.
Si ce conflit devait avoir la moindre suite et qu'une seule goutte de sang fût versée, ce serait plus que n'en valent la peine les têtes de tous ces réfugiés.
Adieu, j'espère que vous n'allez pas rester trop longtemps avec vos jardiniers. (A Tullyanlan, en Ecosse, où Mme de Flahaut faisait alors percer un vaste jardin) Il y a eu 114 cas de choléra à Alnwick : je vous supplie donc de ne pas passer par là.
Le secret du coup d'Etat (Guedalla-Kerry / Emile-Paul 1928 / p.95 à 97)

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Je viens de rentrer de Mivarts où j'ai dit adieu au pauvre vieux Prince (Metternich) , que je crois bien ne jamais plus revoir, malgré ma promesse d'aller lui rendre visite, soit à Bruxelles, soit à Johannisberg l'année prochaine. Il m'a prié de vous dire mille affections à vous et à Georgy (Seconde fille de Flahault, plus tard marquise de Lavalette), avec son regret de ne vous avoir point serré les mains à toutes les deux. Mme Sandor, Hermione et Mélanie (Filles de Metternich) sont ici jusqu'à jeudi.
J'ai dîné hier chez la vieille Lady Grey avec Sir George Grey, Charles Wood, Lord Carlisle et Lady Tankerville. Fort agréable. La conversation n'a guère porté sur la politique, mais, du peu qu'on en a dit, j'ai lieu d'espérer que l'orage se dissipe à Constantinople. Bem et quarante réfugiés sous ses ordres ont embrassé la religion musulmane. Zamoyski n'en est pas.
J'ignore à quelle opinion vous faites allusion, opinion que vous auriez émise et que nous n'admettrions pas ; mais si vous entendez par là que l'assistance prêtée par l'empereur Nicolas à l'Autriche aurait pour mobile des vues personnelles et ambitieuses, vous êtes la seule de cet avis en Europe. Sa demande d'extradition n'a d'autre but que de voir ces hommes coupables ne pas rester impunis : il est grand temps vraiment que justice soit rendue. Je ne suis pas du tout flatté de ce que vous m'assimiliez à ces conspirateurs errants. Je n'ai jamais été impliqué dans aucune conspiration. En 1815 je n'ai rejoint Napoléon qu'après que Louis XVIII eût quitté Paris. Je ne peux donc accepter votre rapprochement.
Si ce conflit devait avoir la moindre suite et qu'une seule goutte de sang fût versée, ce serait plus que n'en valent la peine les têtes de tous ces réfugiés.
Adieu, j'espère que vous n'allez pas rester trop longtemps avec vos jardiniers. (A Tullyanlan, en Ecosse, où Mme de Flahaut faisait alors percer un vaste jardin) Il y a eu 114 cas de choléra à Alnwick : je vous supplie donc de ne pas passer par là.
Le secret du coup d'Etat (Guedalla-Kerry / Emile-Paul 1928 / p.95 à 97)

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Je voulais vous adresser mes voeux avant de quitter l'Angleterre, ma chère Madame de Flahaut, et vous dire la satisfaction que j'avais éprouvée à vous revoir et vous retrouver toujours la même, si pleine de coeur et d'attachement, mais le temps m'a manqué. Mon temps était consacré à la vie de famille et j'ai dû remettre ce plaisir au moment de mon retour en Allemagne. Mais ici-même, j'ai trouvé mille devoirs à accomplir, mille choses de famille à faire, mille visites d'amis qui exigeaient le soin d'hospitalité. Cependant je ne veux pas tarder plus longtemps à vous serrer la main en idée. J'espère que cette fois-ci, ma lettre sera plus heureuse que la première et qu'elle vous parviendra, pour vous assurer de mon bien affectueux souvenir et de ma bien tendre sympathie. Elle doit aussi me rappeler au souvenir d'Emilie que j'ai eu tant de plaisir à revoir et qui, je l'espère, pourra à mon prochain séjour en Angleterre me consacrer plus de temps encore, afin que nous causions ensemble d'un passé qu'elle a aussi aimé, et vers lequel la pensée me porte toujours de préférence. remerciez-la encore de sa bonne mais trop courte visite, et parlez de moi aussi à M de Flahault, que j'inviterai pour le printemps prochain à de nouvelles passes d'armes à propos de la Hongrie ou de quelqu'autre pays en insurrection !J'ai trouvé l'Allemagne pacifiée et jouissant d'un repos chèrement acheté. Les questions démocratiques ne la préoccupent pas au juste, en ce moment. Ce sont les points de vue nationaux, ce sont ... les prussiens, ou autrichiens, ou bavarois, ou saxons qui l'agitent ; et quant à celles-là, comme elles ne compromettent ni le principe monarchique, ni la société, on les voit traiter avec moins d'inquiétudes. Nous n'en sommes point là encore dans notre malheureuse France, et nous aurons encore bien des questions à résoudre pour y arriver au calme de nos voisins. Puisse-t-elle au moins profiter des rudes enseignements qu'elle a suscités !Ma mère me charge de mille choses bien affectueuses pour vous, et mes enfants désirent être rappelés également à votre bon souvenir. Que je pense à vous, ma chère Madame de Flahault ! et dites-vous que votre fidèle attachement a rencontré un coeur qui n'est point ingrat.Souvenir et amitié.HELENE.

Le secret du coup d'Etat (Guedalla-Kerry / Emile-Paul 1928 /p.86 à 88)

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Je voudrais vous parler avant de partir pour Paris. Plutôt que d'y aller seul, je préfère y aller avec Auguste...
Le secret du coup d'Etat (Guedalla-Kerry / Emile-Paul 1928 / p.97)

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