"A peine entrée, je reconnus auprès de la comtesse celui dont, à la douloureuse cérémonie de Rueil, je ne pouvais détacher mes regards : le général de Flahaut. Je ressentis aussitôt un élan de sympathie pour cet homme. Il venait sans doute s'enquérir des derniers instants d'une morte jadis adorée, aujourd'hui à jamais regrettée, à laquelle il savait que j'avais fermé les yeux. Je lui étais reconnaissante de m'estimer digne de répondre à son anxiété douloureuse avec le tact et le cœur qu'il fallait. Hélas, M de Flahaut est de la race des grands diplomates et il me l'a bien fait voir (…) Durant un quart d'heure, avec la plus affligeante courtoisie, il s'entretint avec moi des derniers moments de la reine comme un gentilhomme doit le faire d'une grande dame défunte qu'il a eu l'honneur de connaître, rien de plus. Pas le moindre signe d'émotion n'apparut dans son regard, ni dans sa voix, alors qu'il me voyait si bouleversée qu'il s'excusa d'avoir ravivé dans mon cœur ces douloureux souvenirs. Puis, saluant Mme de Lavalette et moi-même, M de Flahaut se retira avec la plus parfaite aisance…""
Morny, l'homme du second empire (Dufresne / Perrin / p.83-84)
Flahaut (Françoise de Bernardy / Perrin / p.258-259)
" Qu'est-il venu faire ici, auprès de ma modeste personne ?
Oh ! simple visite de convenance. M de Flahaut sait que l'"on sait" ! cela le flatte et il a grand souci de la façade de son amour-propre.
Quelle vitrine à vanité !
Oui, mais il n'est cependant pas sans qualités, bien que je sache tout ce que ma tante a souffert par lui et pour lui."
* Flahaut (Françoise de Bernardy / Perrin / p.259)
" On parle beaucoup de son mariage avec Emilie de Flahaut. C'est une charmante femme et j'aimerais que son mari soit un charmant homme. Mais il semble, d'après ce que j'ai entendu dire, que Lord Shelburne ne réponde pas à ce souhait, on le dit une pauvre petite créature sans aucune valeur."
* Flahaut (Françoise de Bernardy / Perrin / p.264-265)
" Croyez, Monseigneur, que lorsque je parais si facilement consentir à quitter votre service, c'est surtout pour vous sortir d'embarras et n'être pas un obstacle à ce repos d'esprit que j'espérais avoir contribué à voue rendre.
Agréez, Monseigneur, toutes mes excuses et croyez que quelle que soit l'issue de cette triste affaire, vous avez en moi un serviteur dévoué. Je n'ai jamais appartenu qu'à l'Empereur et à vous. Les quinze années de la Restauration ont prouvé que je ne changeais pas facilement d'affection. L'avenir vous prouvera que vous pouvez compter sur la même fidélité."
* Flahaut (François de Bernardy / Perrin / p.61-262)
" Il me semble, mon cher Charles, qu'à ta place j'aimerais aller à la coronation, et si j'étais à la place des autres, je ne manquerais pas de t'y envoyer…"
* Flahaut (Françoise de Bernardy / Perrin / p.262)
" M de Flahaut vint aujourd'hui présenter ses devoirs à Mmes de Lavalette et de Forget. Son fils l'accompagnait. Quelle fut, à cette vue, la plus forte, de ma curiosité ou de mon émotion ? L'une et l'autre étaient à leur comble lorsque je vis en face de moi celui que l'on nomme le comte de Morny, et dont M de Flahaut prend à peine le soin de ne pas déclarer tout haut qu'il est le père. Cet homme paraîtrait cynique s'il n'avait d'aussi courtoises façons. Son fils, de taille moins élevée que la sienne, est d'aspect aussi distingué. Et puis, je dois le reconnaître, il porte la marque indélébile de son origine maternelle. Peut-être plus encore que le prince lui-même il ressemble à la reine au point que je n'ai pu empêcher des larmes de monter à mes yeux en le voyant… Mon trouble n'a sûrement pas plus échappé au père qu'au fils. Mais, me sentant en présence de deux hommes résolus à demeurer tellement maîtres d'eux-mêmes, je m'efforçai de me mettre au diapason de leur maîtrise.
Lorsque, après m'avoir présenté M de Morny, Joséphine de Forget me nomma à lui, ajoutant le titre qui me demeure si cher ; je surpris une sorte d'attendrissement dans son regard ; mais ce ne fut qu'un éclair : le fils est né diplomate comme le père et le restera… Quant à M de Flahaut, il effleure tout, n'approfondit rien, aborde n'importe quel sujet avec une imperturbable assurance. Il a, de plus, un travers que je ne puis souffrir chez un homme : il se regarde dans les glaces… Enfin, avec la même et belle aisance qu'ils avaient en entrant, ces deux hommes prirent congé de chacune de nous, en se retirant…"
* Flahaut (Françoise de Bernardy / Perrin / p.259-260)
" Je n'ai pas entendu parler de Lord Shelburne et d'Emilie de Flahaut ces temps derniers. Ainsi, s'il y a eu quelque chose, ce doit être fini. Il semblait très attentif auprès d'elle, mais elle ne paraissait pas l'encourager. Ses amis ne pouvaient trouver à ce mariage qu'une seule objection, sa santé, qui n'est pas bonne et peut inquiéter, étant donné le sort de son frère aîné. Autrement, c'eût été un excellent mariage : une belle alliance, une grande fortune et une situation dans le monde qui ne laisse rien à désirer. Tous ceux qui le connaissent louent l'agrément de son caractère. Je souhaite donc que les on-dit s'avèrent vrais."
* Flahaut (Françoise de Bernardy / Perrin / p.265)