En lui envoyant ces vers de "Monsieur Auguste", le général le grondait, du matin au soir, tantôt sur une chose, tantôt sur une autre, l'appelant sans cesse flâneur, lambin, etc.
Le plaisir de gronder ! Ah ! l'amorce est trop forte !
De grâce, avouez-le, je suis bien malheureux,
Mais vous qui contrôlez mes actions sans cesse,
Dites-moi dans votre jeunesse,
Fûtes-vous toujours un Caton ?
L'écho dit : Non.
Le Duc de Morny (Loliée / Emile-Paul / p.49
Dans l'entourage de l'Empereur (Dard / Plon / p.48)
" Le jour où […] j'ai trouvé dans ma cour deux usuriers d'Edmond qui venaient juger sur ma figure à quel taux ils pouvaient lui acheter mon héritage, ce jour-là, j'ai compris jusqu'où l'excès du désordre et de la faiblesse pouvait le porter. "
Talleyrand le Prince immobile (Emmanuel de Waresquiel / Fayard / p. 562)
"M de Flahaut a cette amabilité générale, cette grâce, cette aisance dans les manières et dans la conversation, qui sont le cachet d'un homme extrêmement bien élevé. Il possède plus que personne l'esprit de salon, et cet art aimable d'une conversation facile et agréable. Il a été très beau ; il a eu beaucoup de succès, même auprès des reines… Si j'avais un fils ou un frère qui fissent leur entrée dans le monde, je leur dirais : "Soyez comme M de Flahaut.""
* Flahaut (Françoise de Bernardy / Perrin / p.215-216)
"Mme de Flahaut a des manières brusques, un peu même désagréables ; elle dit un peu trop haut et un peu trop souvent tout ce qu'elle pense et elle s'occupe un peu trop de ce que les autres font. Elle est un peu atteinte de la politicomanie ; elle a des opinions libérales extrêmement prononcées, une adoration de Napoléon qui rejaillit sur Walewski ; mais je suis persuadé qu'elle a de bien bonnes qualités. Elle est excellente amie, elle aime obliger et, tant qu'on encourt pas sa disgrâce, elle est bonne et aimable. Elle a beaucoup de bontés pour moi et je ferai tout mon possible pour les conserver. Lord Byron, avec qui elle était extrêmement liée, disait en parlant d'elle : "J'aime beaucoup Mme de Flahaut, car elle m'aime beaucoup." C'est Walewski qui a succédé à Lord Byron ; elle l'adore, lui donne de bons conseils, le gronde souvent et l'aime d'amitié jusqu'à la jalousie. Son salon est très agréable ; elle reçoit tous les dimanches, donne de petites soirées et de bons dîners dans la semaine…"
* Flahaut (Françoise de Bernardy / Perrin / p.215)
"Est-il besoin d'affirmer que ces dames (Mme de Jumilhac, Mme Alexandre de Girardin, Mme de Flahaut) étaient toutes également exemplaires. Je n'ai pas ouï-dire que la malignité publique se soit jamais exercée bien sérieusement sur leur compte. Elles étaient toutes mariées, positivement mariées; leurs maris étaient vivants, parfaitement vivants. Mais chose singulière, à l'exception de M de Flahaut, l'ombre d'un époux n'est à ma connaissance apparu dans leurs salons qu'à de bien rares intervalles, par hasard, comme à la dérobée et jamais à la lettre, chez quelques-unes…"
"Sa qualité d'étrangère (Mme de Flahaut) lui permettait d'attirer chez elle des personnes qui ne se seraient pas aussi rencontrées ailleurs. Les concerts et les bals qu'elle donnait fréquemment grâce à sa grande fortune, étaient fort recherchés. Le faubourg Saint-Germain était loin de lui tenir rigueur. M de Flahaut, malgré son passé impérial et ses liaisons actuelles avec le groupe de La Fayette et de Casimir Périer, passait avec raison pour un homme de la meilleure compagnie et un très agréable maître de maison. Il attirait volontiers chez lui la jeunesse de tous les camps et donnait des fêtes dont il faisait particulièrement les honneurs au duc de Chartres, fils aîné du duc d'Orléans et alors colonel d'un régiment de chasseurs… Dans ce petit cercle de familiers on remarquait parmi les plus favorisés : Charles Laffitte, les Montebello, Achille Fould, Walewski et Morny. C'était un cénacle et comme une quintessence de gens à la mode… MM de Morny et Walewski… avaient tous les deux des manières distinguées et gracieuses. Ils étaient sans apprêt, doués d'un air comme il faut qui était chez eux comme un don natif."
* Flahaut (Françoise de Bernardy / Perrin / p.214-215)
"Auguste est parti pour Aix-la-Chapelle, il y a aujourd'hui huit jours et, le 20 juillet, il en partira avec mon fils pour l'Ecosse. C'est un beau voyage, qui étendra son esprit ; à son retour, il entrera chez le professeur Guérard pour étudier les mathématiques et n'en jamais sortir. Je doute qu'il puisse se faire à cette vie studieuse et retirée après avoir goûté des plaisirs du monde. On a mis toutes choses à l'envers pour ce pauvre enfant. Ce n'a pas été ma faute. J'en souffre d'avance pour lui. D'Alembert disait : "Qu'on me donne un bœuf, j'en ferai un mathématicien" ; mais encore faut-il être un animal ruminant, et pauvre Auguste n'est rien moins que cela."
Dans l'entourage de l'Empereur (Emile Dard / Plon / p.48)
Morny, l'homme du second empire (Dufresne / Perrin / p.52)
Morny et son temps (Parturier / Hachette / p.23)
Le duc de Morny (Gerda Grothe / Fayard / p.17)
Flahaut (Françoise de Bernardy / Perrin / p.212-213)
Madame de Souza et sa famille (baron André de Maricourt / Emile-Paul frères / p.349)
Le duc de Morny (Marcel Boulenger / Hachette / p.24)
Son élégance le duc de Morny (Augustin-Thierry / Amiot-Dumont / p.54)
La reine Hortense (Françoise de Bernardy / Perrin / p.434)
" Voici des vers qu'Auguste a faits en deux heures et demie de temps, à la montre. Ainsi, cher ami, vous jugez qu'ils ne peuvent être bien soignés. Cependant j'en ai trouvés d'assez jolis et je vous les envoie, mais n'en parlez pas à Auguste, car lui, qui en est mécontent m'a défendu de les montrer. C'est pour mon fils, qui le gronde tout le jour, tantôt sur une chose, tantôt sur une autre, et l'appelle sans cesse flâneur, lambin, etc. Vous les brûlerez, ainsi que ma lettre, après les avoir lus :
Oui, plus j'avance dans la vie,
Plus je rencontre de censeurs.
Les hommes réglant tout d'après leur fantaisie.
Voient les défauts d'autrui sans connaître les leurs,
Et chacun ici-bas, aveugle sur soi-même,
N'a des yeux que pour voir le mal chez son voisin
Si je ris je suis fou, si je suis pâle, blême.
Si je tarde un instant votre joie est extrême,
Vous pouvez m'appeler et flâneur et lambin !
Et bien souvent après dix heures du matin,
Vous me tancez sur ma paresse
Les yeux à peine ouverts et vos rideaux fermés.
Encore est-ce un effort, hélas, quand vous parlez !
Votre bouche s'oppose au désir qui vous presse.
Mais bientôt ce dernier devient victorieux.
Sur vos sens engourdis l'habitude l'emporte,
Le plaisir de gronder ! Ah ! l'amorce est trop forte!
De grâce, avouez-le, je suis bien malheureux.
Mais vous qui contrôlez mes actions sans cesse
Dites-moi, dans votre jeunesse
Fûtes-vous toujours un Caton ?
L'écho dit : Non.
C'est aujourd'hui votre fête.
C'est aujourd'hui la saint Charles, je crois.
On dit qu'on peut blâmer et louer à la fois.
J'ai voulu commencer par vous laver la tête,
Et, ma fois, j'ai trouvé cela fort amusant.
Le passe-temps est doux, certes il doit vous plaire ;
Je vous excuse alors et, pour vous satisfaire,
Je vous livre ample carrière.
Oh, vous aurez de quoi vous amuser souvent,
C'est plaisanter assez. Retournons la médaille.
A présent donc, prenons le bon côté.
Jusqu'ici je n'ai rien fait qui vaille
Et je vais dire enfin la vérité :
A vos amis toujours fidèle,
Fidèle à votre opinion
Vous devancez l'honneur quand il appelle.
La gloire est votre passion,
Mais écoutez l'écho du monde.
Sur lui, conriant, je me fonde.
Or, écoutez ce qu'il dit aujourd'hui :
L'écho dit : Oui.
" Voilà, cher ami, ce qu'il a tiré de son cerveau sans peine, sans travail, presque sans y penser. Cela ne vous promet-il pas un poète?... Malgré ce que dit le sévère G(allois) sur les éducations publiques, la chose qui prouve que les fréquentes visites dans la maison, je dirais volontiers maternelle (car j'aime cet enfant comme s'il était le mien), valent mieux que la poussière des classes, c'est que dans tout ce qu'a fait Auguste il n'y a pas une faute de goût. Ces sages ne sentent pas combien cela est remarquable. "
* Le duc de Morny (Gerda Grothe / Fayard / p.17)* Madame de Souza et sa famille (baron André de Maricourt / Emile-Paul frères / p.346-347)
"J'ai eu une lettre de la duchesse de Saint-Leu, extrêmement aimable et exprimant tout le plaisir qu'elle aurait à vous voir si vous vouliez aller lui faire une visite. Je ne vois réellement pas pourquoi vous ne la feriez pas, spécialement si vous allez à Ems."
* Le cœur de la reine Hortense (Bordeaux / Plon / p.72)
"Nous avons à dîner tous les jours le prince de Talleyrand et la princesse Tyskiéwicz. Je les aime vraiment beaucoup tous les deux. Ils sont pleins de bonté pour moi. Je vais les voir tous les matins séparément, et j'ai quelquefois avec M Martin et M de Talleyrand des conférences littéraires dans lesquelles j'écoute deux hommes dont le premier est instruit et sérieux, et l'autre, instruit, gai et aimable. Je lis les Essais sur les Mœurs de Voltaire ; je n'aurais pas cru que la science et la métaphysique pussent autant m'intéresser. Je me baigne et j'espère beaucoup de la douche pour mon bras. Je m'amuse doucement. Je lis plus volontiers et je me sens plus disposé au travail que l'année passée. Nous partirons pour l'Angleterre le 20. Je n'en dors plus."
Morny, un voluptueux au pouvoir (Rouart / Gallimard / p.76)
Morny, l'homme du second empire (Dufresne / Perrin / p.57)
Morny et son temps (Parturier / Hachette / p.24)