" J'ai l'honneur de rendre compte à Votre Excellence qu'hier soir M le comte de Flahaut, lieutenant général, entra à Besançon et se donna à la poste pour un officier supérieur autrichien qui ne ferait que traverser la ville.
Aussitôt arrivé à l'hôtel de la Poste, le maître de la poste aux chevaux présenta son registre des voyageurs à M le comte de Flahaut pour s'y inscrire, le prévenant qu'il ne délivrait de chevaux que sur le permis d'un lieutenant du roi. M le lieutenant du roi reçut immédiatement après le rapport où M le comte de Flahaut prend une seconde fois le titre d'officier autrichien. Cette qualité d'étranger ajoutée à un nom trop connu donna des soupçons à M le lieutenant du roi qui m'en fit son rapport, et nous nous réunîmes à M le Préfet et au colonel de la gendarmerie pour examiner le passeport ci-joint…
Le passeport nous a paru revêtu de toutes ses formes ; nous avons reconnu les signatures ; mais deux choses nous ont également frappés : ce passeport n'est pas signé du porteur et cette formalité est rigoureusement exigée, et pourquoi passer par Lyon pour aller de Paris à Francfort ?…"
* Flahaut (Françoise de Bernardy / Perrin / p.171-172)
"Vous jugez, Monseigneur, que des attestations d'infirmité sont nécessaires en temps de paix, pour mettre sous les yeux du roi la démission d'un officier général, j'ai l'honneur de vous les adresser.
Si ma santé se rétablissait et que des circonstances pussent rendre mes services agréables, je m'empresserai de solliciter de Sa Majesté la grâce d'accepter l'offre de mon dévouement et de mes services."
(certificats joints signés des docteurs Horeau et Bourdois)
* Flahaut (Françoise de Bernardy / Perrin / p.141-142)
" Le comte de Flahaut, repoussé de tous côtés, s'est rendu à Lyon, où il m'a demandé l'autorisation de séjourner jusqu'à ce qu'il ait sollicité et obtenu une destination définitive.
La situation morale de Lyon et les éléments de division que cette ville renferme me faisaient désirer, même dans son propre intérêt, qu'il ne demandât point à y fixer sa résidence définitive. Du reste, j'ai reçu M de Flahaut, persuadé que le meilleur moyen de ramener des personnes qu'un moment d'exaltation a entraînées, est de les convaincre qu'elles ne doivent pas se considérer comme frappées du sceau d'une proscription morale, qui les rendraient ennemies irréconciliables du nouvel ordre des choses"
* Flahaut (Françoise de Bernardy / Perrin / P.165)
" Ses intrigues avant et après l'interrègne, celles de sa mère, l'intimité de ses relations avec l'ex-reine Hortense qui a eu une grande part dans les événements qui ont rappelé Buonaparte, le renvoi que les Suisses chez qui il avait voulu aller, ont dernièrement fait de lui, tout concourait à aggraver des circonstances auxquelles on eût fait peu d'attention pour toute autre personne.
Retenir Flahaut est une précaution à laquelle je n'ai pu ne pas applaudir ; de ce que M de Flahaut a été l'objet d'une grande indulgence, il ne s'ensuit pas qu'il soit assez recommandable pour qu'on ne puisse le faire attendre quelques jours dans une auberge, les ordres qu'on croit devoir prendre sur son compte…
On se bornera à le surveiller. Peut-être le soupçon qu'il ne soit porteur, dans quelque secret pratiqué à sa voiture, de correspondance dangereuse, donnera-t-il lieu à y faire une perquisition…"
" De ce que cet homme, dit-il, a été l'objet d'une grande indulgence, il ne s'ensuit pas qu'il soit assez recommandable pour qu'on ne puisse le faire attendre, pendant quelques jours, dans une auberge... Ses intrigues, avant et pendant l'interrègne, celles de sa mère, l'intimité de ses relations avec l'ex-reine Hortense, qui a eu une si grande part dans les événements qui ont rappelé Buonaparte, tout a concouru à aggraver les circonstances... "
* Flahaut (Françoise de Bernardy / Perrin /p.172)* Madame de Souza et sa famille (baron André de Maricourt / Emile-Paul frères / p.303)
9 septembre 1815
Mme de Souza à Mme d'Albany
" Charles est parfaitement tranquille, bien résolu à ne se mêler à aucun mécontent, de quelque classe que ce soit. Il se tiendra fort tranquille. Sera-ce assez pour qu'on le laisse en paix ? J'en doute fort…"
Flahaut (Françoise de Bernardy / Perrin / p.165)
lettre intégrale (le portefeuille de Madame d'Albany, par Léon-G Pélissier)
" J'apprends que Charles de Flahaut est à Woburn. La pauvre Madame de Saint-Leu va chanter d'un cœur triste ses romances sur l'éternelle fidélité."
" Lady Talbot a été charmée par Flahaut."
* Flahaut (Françoise de Bernardy / Perrin / p.176-177)
La Comtesse d’Albany Lettres inédites de Madame de Souza (et d’autres…)(Le Portefeuille de la comtesse d’Albany : 1806-1824, par Léon-G. Pélissier)
Les annotations (en italique) sont de Léon-G. Pélissier ; Les passages [entre crochets] sont dans Saint-René Taillandier ; « Néné » est le surnom que Mme de Souza a donné à Charles de Flahaut, son fils ; les sujets concernant Charles de Flahaut sont reproduits en rouge ; l’orthographe ancienne est respectée.
extrait de lettre de Bertrand à la comtesse d’AlbanyParis, 17 août 1815
MADAME LA COMTESSE,
… C’est pour cela que j’ai depuis toujours vu avec peine le penchant de notre amie (Madame de Souza) pour les opinions et les changemens fâcheux dont nous étions témoins. Elle était sur une pente dont elle ne pouvait pas sortir. Cette pente offrait trop d’attraits à l’imagination et à l’espérance. Le tout était de s’en retirer à point, et c’est ce que nous n’avons pas fait. Au contraire. L’aveuglement est devenu plus fort par le tems et par le succès. C’est devenu presque de l’infatuation. J’ai bien vite déploré le train que j’ai vu prendre à tout cela. Il était impossible d’y vouloir apporter quelque empêchement et quelque retard. Le mal était trop profond et l’irritation trop forte, lorsqu’il s’agissait de la moindre réflexion. Je me suis retiré et éloigné que la place n’était plus tenable pour moi. Le mari a été entraîné, et a peut-être été plus loin qu’il ne convenait à tous égards, suivant ce qui m’en est revenu. Je ne suis pas moins chagrin de tout cela par le sentiment d’amitié et de reconnaissance que je dois à tout l’intérêt qu’elle m’a toujours témoigné, et à une liaison d’amitié de longues années. Il n’a jamais été en mon pouvoir de lui être utile, et encore moins de lui rendre service dans les circonstances. Elle connaît trop mes opinions pour avoir pu désirer un moment de chercher et de trouver en moi des consolations qui n’auraient pas été conformes à ses idées, et je crois que le parti le plus sage et le plus convenable a été celui d’en finir et de n’en pas parler. Voilà, Madame la comtesse, ce qui m’a paru le plus sage ou le plus convenable. Ma raison et mes observations n’auraient rien empêché, n’auraient pas fait la plus légère impression, et j’aurais eu le tort ou l’apparence, ce qui est la même chose, d’encourager et d’applaudir à une conduite que j’aurais désaprouvée. Le courage de la retraite était le seul qui me convint, et qui convint. Ses autres amis n’ayant rien gagné sur elle, j’y aurais encore moins réussi…
" Pendant le séjour de l'Emp[ereur] ici, ni mon mari, ni moi, écrit-elle, n'avons pas mis le pied une fois à sa Cour. J'ai continué à vivre comme j'avais toujours fait, parlant peu, parée que j'aime mieux écouter, ne me mêlant de rien et prévoyant des malheurs dont la France ne se relèverait jamais.
" Cependant on nous a persécutés et l'on nous tourmente encore, mais ce sont des haines personnelles, des haines d'amis. Ce sont les superfines. Je suis dans mon lit depuis près d'un mois. J'ai beaucoup souffert d'une inflammation au foie, et à présent ce malheureux foie est devenu si volumineux que j'ai assez l'air d'une femme grosse de neuf mois. Je vous assure que si ce genre de maladie ne faisait pas souffrir des années avant de mourir, je ne serais point fàchée de voir arriver la fin de tant de maux "
* Madame de Souza et sa famille (baron André de Maricourt / Emile-Paul frères / p.305-306)* lettre intégrale (le portefeuille de Madame d'Albany, par Léon-G Pélissier)
"Tous les forcenés de l'armée, les Flahaut, les Exelmans, ont juré de me faire un mauvais parti."
* Flahaut (Françoise de Bernardy / Perrin / p.161)
Lettre d'Hortense de Beauharnais à son frère Eugène
17 février 1815, Paris
Les portraits de tes enfants sont charmants, mon cher Eugène ; ils m'ont fait un grand plaisir. Je suis fâchée de ne pouvoir juger de la ressemblance, puisque je n'ai pas encore pu voir ces chers petits enfants, mais j'attends avec bien de l'impatience le moment où tu seras placé quelque part. Voilà bientôt le beau temps et, si ce vilain Congrès finit, nous pourrons faire des projets. Voici le mien : si on te donne un petit coin, comme on le disait hier, près de Francfort, j'irai t'y voir tout de suite, car je pense que tu ne tarderais pas à y aller et je voudrais m'y trouver au moment de ton arrivée, parce qu'ensuite j'irai de là aux eaux dont j'ai encore besoin cette année ; cela sera nécessaire aussi à Louis qui a une petite gourme rentrée. Ecris-moi donc tout de suite quand il y aura quelque chose de décidé, parce que je n'aurais pas de temps à perdre et, comme je serais fort aise de voir l'empereur de Russie à son passage et lui recommander encore mes enfants, surtout si je perds mon procès ; je pourrais prétendre à une pension sur le grand-duché de Berg pour mon fils aîné, car son père, avec tout son désintéressement, ne s'occupe guère de l'avenir de ses enfants, et j'obtiendrai cela facilement de l'Empereur si je le voyais à son passage à Carlsruhe.
Enfin, je me préparerai et je te prie bien de me prévenir à temps. Adieu, je t'embrasse tendrement.
Hortense