"Si l'Empereur avait été tué, n'est-ce pas son fils qui lui succéderait ? Il a abdiqué, il n'est plus politiquement ; pourquoi son fils ne lui succéderait-il pas ?"
* Flahaut (Françoise de Bernardy / Perrin / p.153)
* Nouvelle biographie générale (Firmin-Didot / Rosenkilde et Bagger / p.816)
* Jadis (2ème série) (Frédéric Masson / Société d'éditions littéraires et artistiques / p.285)
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" Sire, je viens vous demander une faveur.
Laquelle ?
La radiation du général de Flahaut de la liste des coupables.
Tiens, tiens… Vous vous intéressez à ce petit sabreur ! Pourquoi me demander la grâce de celui-là, justement ?"
M de Talleyrand hésita, puis répondit en rougissant :
"C'est que, sire… celui-là, c'est mon fils."
* Le Duc de Morny (Robert Christophe / Hachette / p.15)
" Le dernier est le général Flahaut. Il parle un excellent anglais, est de noble origine et a d'excellentes manières. Il est très attentif à n'offenser personne, à éviter aussi de l'être par les Bourboniens fanatiques…"
* Flahaut (Françoise de Bernardy / Perrin / p.176)
"Pendant ce temps, les impériaux font leurs paquets pour l'Amérique. La reine Hortense et Flahaut y vont conjugalement…"
* Flahaut (Françoise de Bernardy / Perrin / p.162)
" … Quelle affreuse barbarie! Je l'ai vu encore à cinq heures cet ami si cher. On a dû m'arracher de ses bras... Quel calme avait sa physionomie ! Pas une plainte contre ses assassins ! Ah ! du moins, que l'on rende hommage à sa mémoire, qu'on la disculpe des accusations fausses que l'on a portées contre lui ! Ne serait-il pas possible, Madame, et n'auriez-vous pas les moyens de faire rédiger un article en sa faveur à mettre dans les journaux ? C'est un assassinat épouvantable. On devrait mettre de l'intérêt à ne pas laisser passer sous silence un semblable jugement el à prouver qu'il n'était pas coupable des fautes qu'on lui imputait, puisque la déclaration du Roi, datée de Cambrai, le mettait hors de la liste. Si un parti trop acharné ou des ennemis particuliers n'avaient de l'intérêt à cette exécution et ne l'avaient pressée d'une manière qui devait le disculper aux yeux de tous, il aurait dû être mis en liberté après sa défense au Conseil de guerre. Vous qui le con naissez, Madame, ne serait-il pas possible de diriger la rédaction de quelques phrases bien simples, bien impartiales sur tout le cours de cette procédure, de montrer les défectuosités et l'injustice du traitement qu'on lui a fait jusqu'au dernier moment (puisque, contre toutes les règles, il a été toujours au secret) et de parler de ses derniers moments si admirables, si héroïques. Il avait bien le calme de sa conscience. Il m'a chargée de remettre à Monsieur votre fils l'anneau qui tient les breloques de sa montre, comme gage de son amitié. Je le garderai jusqu'à ce que je puisse le lui remettre à lui-même, ou le fasse parvenir sûrement. Il regrettera cet ami de son enfance qui, jusqu'à son dernier soupir, n'a cessé de penser à lui, car il a voulu garder ce qu'il avait de lui jusqu'après le coup fatal. Il nous a écrit à toutes des lettres admirables, c'est-à-dire à sa mère, à la mienne et à moi, et son testament.
"Ah! Madame! quel ami j'ai perdu ! que de bonheur m'est enlevé ! Ma vie est un véritable martyre. Je vous remercie mille fois de votre petit billet. Je n'ai pas eu le courage d'y répondre... Tout est douleur pour moi... Je vous prie de témoigner toute ma reconnaissance à Mme de La Valette. Les deux personnes marquantes en qui nous avions confiance, vous et moi, Madame, ont été, je crois, les plus cruelles. " (Le nom et le rôle de ces deux personnes mystérieuses, auxquelles Mme de Souza fait également allusion dans sa réponse, sont demeurés jusqu'à présent inconnus, malgré les recherches faites, depuis, à cet égard par la famille de La Bédoyère. Il semble bien que se soit à elles que Mlle Gabrielle de Chastellux ait fait allusion dans une relation inédite demeurée dans les archives de la famille de Chastellux, intitulée : Récit du mois le plus douloureux de notre vie. Cette émouvante relation, dans laquelle aucun nom propre n'est cité dans son entier, concerne, semble-t-il de l'avis même de la famille de La Bédoyère, une autre tentative d'évasion tentée à la Conciergerie et, par conséquent, antérieure à Celle de l'Abbaye. Mme de Souza y fut peut-être mêlée, mais il n'a pas encore été possible de démêler l'imbroglio de cette intrigue demeurée fort obscure. / note du baron André de Maricourt)
* Madame de Souza et sa famille (baron André de Maricourt / Emile-Paul frères / p.298-299)
"Général, retournez auprès de l'Empereur et dites-lui qu'il parte ; que sa présence nous gêne ; qu'elle est un obstacle à toute espèce d'arrangement ; que le salut du pays exige son départ. Qu'il parte sur-le-champ ! Sans quoi, nous serions obligés de le faire arrêter. Je l'arrêterais moi-même."
Ce langage ne me surprend pas de celui de celui que j'ai toujours vu si bassement prosterné aux pieds de l'Empereur. Monsieur le maréchal, il n'y a que celui qui donne un pareil message qui soit capable de le porter. Quant à moi, je ne m'en charge pas. Et si, pour vous désobéir, il faut donner sa démission, je vous donne la mienne."
* Flahaut (Françoise de Bernardy / Perrin / p.154-155)* Son élégance le duc de Morny (Augustin-Thierry / Amiot-Dumont / p.39)
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"Je ne puis cependant vous dissimuler qu'il eût été de votre devoir d'exécuter sur-le-champ l'ordre que je vous avais adressé. Votre grade vous prescrivait de donner cet exemple de subordination. A votre arrivée à Périgueux, vous auriez pu également m'envoyer votre démission que j'aurais soumise au roi, et je regrette que vous m'ayez mis dans le cas de vous faire une semblable observation."
* Flahaut (Françoise de Bernardy / Perrin / 141)
" A quatre heures, la bataille n'avait pas encore commencé. Je me rendis chez Mme de Souza et la trouvai en larmes. Je fus abasourdi par les nouvelles. Son fils, le lieutenant général, venait de quitter l'armée. Tout était perdu. Paris avait capitulé, alors que 80 000 hommes fanatisés étaient sous ses murs. Il était décidé à dénoncer la trahison et les traîtres le soir, à la Chambre des pairs."
* Flahaut (Françoise de Bernardy / Perrin / p.160)
" Je ne puis vous exprimer combien votre lettre m'a touchée et les larmes que j'ai versées sur vous, ma très chère Madame, et sur le sort de celui que je n'oublierai de ma vie, de celui dont les brillantes qualités et la jeunesse devaient vous promettre un avenir si satisfaisant.
" Le courage de celui que nous pleurons pouvait promettre une glorieuse carrière.
" Mais moi qui, depuis vingt-cinq ans, connaît tout ce que l'esprit de parti a de cruel, je n'ai pas espéré un instant pour lui dès qu'il a été arrêté.
" Vous le savez, je n'ai jamais espéré.
" Je suis charmé qu'il ait écrit à sa mère, qu'elle doit souffrir ; je n'ai pas trouvé le courage de lui écrire, et cependant j'ai été bien occupée d'elle.
Mme de L.V. est toujours arrêtée ; (Mme de La Valette. Après être demeurée longtemps en prison, elle fut transportée dans une maison de santé, d'où elle fut élargie après acquittement. Son mari, compromis dans un complot impérialiste à Lyon, fut incarcéré à son tour, puis condamné à dix ans de bannissement et dix ans de surveillance (cf. Journal des Débats. 4 septembre 1816, Vaulabelle, op. cit., IV, p. 94, etc.). Sans ressources, les La Valette s'expatrièrent et partirent pour l'Amérique. Après de tragiques aventures, M. et Mme de La Valette y moururent bientôt de la fièvre jaune ainsi que plusieurs de leurs enfants. Un de leurs fils qui survécut fut le marquis de La Valette, né à Senlis en 1806, ambassadeur à Londres, puis ministre des Affaires étrangères sous le second Empire, qui épousa Mlle de Flahaut, sa cousine, fille de Charles de Flahaut.) on ne veut pas lui rendre les 10.000 francs en or, qu'elle portait sur elle le jour où, si celui que nous pleurons avait voulu y consentir, il vivrait encore.
" On a ôté à son mari sa place, mais elle ne regrette pas ce qu'elle a fait.
" Avec quelle joie et quel orgueil (m'a-t-elle écrit) je l'aurais rendu à sa femme et à sa famille.
" Si dans quelque temps Monsieur votre frère (Le comte de Chastellux, marié à la comtesse de Vogué née Damas. On sait que la famille de Chastellux était tout entière dévouée à la monarchie.) aîné veut parler pour qu'on rende à son mari sa place ou une équivalente, je pense que ce ne sera que justice et d'ailleurs une bien bonne action, car ils ont cinq enfants et aucune fortune !
" Je n'ai point encore reçu de lettre de mon fils. Qu'il sera malheureux !
" C'est seul qu'il apprendra cette perte affreuse dont son coeur saignera toute sa vie.
" Ce qui peut vous donner une espèce de consolation (s'il en peut être), c'est l'intérêt général que votre mari a inspiré. Excepté deux personnes, deux femmes, tout le monde en a dit du bien, tout le monde a pleuré sur lui et sur vous ; mais celles-là sont folles.
" Dans le moment où chacun devrait rallier tous les esprits, tous les intérêts autour du Roi, on ne s'occupe qu'à récriminer, à aigrir, et ce sont les personnes qui se disent les plus attachées à sa cause qui, en professant des haines irréconciliables, éloignent tous ceux qui voudraient de bonne foi servir le Roi et n'être que Français.
" Adieu encore ! Que je vous plains ! Que je sens toutes les peines qui doivent briser votre pauvre coeur. Donnez-moi quelquefois de vos nouvelles, de celles de ce pauvre petit enfant qu'il aimait tant. Permettez-moi de vous embrasser et de vous assurer que personne au monde n'a plus partagé tous vos sentiments que moi. Avec quelle profonde douleur je l'ai pleuré ! Ah ! que je souffre et que j'ai souffert de cet horrible malheur ! "
* Madame de Souza et sa famille (baron André de Maricourt / Emile-Paul frères / p.299-301)
" Il est indispensable que vous partiez pour la destination qui vous est assignée, à moins que votre santé ne vous rende tout déplacement impossible, et dans ce cas, vous aurez à en justifier par deux certificats qui constatent votre état d'infirmité.
A votre arrivée à Périgueux, si vous persistez dans l'intention de quitter le service, vous pourrez renouveler votre demande. Je prendrai à cet égard les ordres du roi et je vous ferai connaître ses intentions.
L'intérêt de la discipline ne permet pas qu'un militaire réponde à un ordre de service par l'offre de sa démission. Son premier devoir est d'obéir, et votre grade d'officier général vous fait une obligation plus rigoureuse de donner l'exemple de la subordination."
* Flahaut (Françoise de Bernardy / Perrin / p.141)