Lettre d'Hortense de Beauharnais à son frère Eugène
11 janvier 1807, Mayence
On dit qu'il y a toujours un bulletin pour toi de M. de Talleyrand ; ainsi je ne te l'envoie pas. On parle encore de deux affaires brillantes : l'une du maréchal Lannes et l'autre du maréchal Augereau ; ils ont battu les Russes qui étaient beaucoup plus forts qu'eux. Le général Rapp a été un peu blessé au bras ; le général Fénerols a été tué ; le jeune Ségur est prisonnier : il portait, je crois, un ordre ; enfin on ne peut plus se battre à cause du mauvais temps. L'Empereur retournait à Varsovie et on allait prendre les quartiers d'hiver.
Moi, je suis encore à Mayence, désirant bien aller avec l'Impératrice, si l'Empereur la fait venir à Berlin, mais craignant bien qu'on ne soit fâché de ne pas me voir retourner à La Haye. Enfin, je suis encore dans des indécisions et j'attends les nouvelles de l'Empereur pour voir ce qu'il faudra que je fasse. Tu vas être bientôt dans de grands embarras ; je voudrais bien partager avec toi tous le soins qu'on donne à un nouveau-né ; je t'assure que cela me rendrait bien heureuse. Je te remercie de tes jolies petites blagues.
Adieu, je t'embrasse comme je t'aime, ainsi que ma soeur. A-t-elle reçu une petite croix avec une petite chaîne de mes cheveux, et toi, des gilets et du casimir ? Tu as dû rire de mes petits cadeaux. Envoie-moi de tes cheveux quand tu les feras couper, je les ferai natter ; c'est égal qu'ils ne soient pas longs.
Hortense
" Il fallait un bonheur tout particulier pour avoir échappé à la quantité de balles et de boulets qui avaient été lancés pendant les longues heures qu'avait duré la bataille. Ce bonheur tout particulier, on l'attribuait à un ruban rose auquel on accordait la vertu de préserver de toute espèce de danger…"
Flahaut (Françoise de Bernardy / Perrin / p.62)
Morny, un voluptueux au pouvoir (Rouart / Gallimard / p.40)