" ... Que vous dire ? Le Roi est juste et bon, mais ses entours sont implacables. Tout ce qui avait un peu d'éclat depuis dix ans est relégué dans sa tanière. On ne s'embarrasse ni du mérite qui vous avait fait choisir, ni de la conduite noble et courageuse que vous avez tenue ; tout est oublié. Je puis dire devant Dieu n'avoir jamais manqué l'occasion d'obliger ; eh bien! il est des gens dont la reconnaissance enthousiasmée me semblait trop forte tant que j'ai été en position de les servir, et qui, du moment que le Roi a dû revenir, n'ont pas plus pensé à moi que si je n'avais jamais existé. Le chapitre des ingratitudes fait mal au coeur. Qu'ai-je fait cependant, moi, étrangère, moi qui n'avais jamais été à la Cour de l'Empereur depuis neuf ans qu'il avait contribué à faire perdre la place de mon mari ? Mais mon fils a été son aide de camp ; quel crime ! Comme si la ligne militaire n'était pas de devoir, comme si cette place, qu'on ne demandait jamais, n'était pas toujours le prix de la bravoure, tandis que les places de cour... Vous savez si j'ai jamais eu d'opinions, moi qui ne vis que par mes sentiments ! Je suis dégoûtée de la vie et du monde. Quand vous arriverez, je vous dirai : Aimez-moi si vous pouvez, mais vous aurez affaire à une âme malade, à un esprit ombrageux. Voilà mon état. Vous voyez, ma chère amie, que j'aurais aussi bien fait de m'en tenir à ma première page sans entr'ouvrir mon âme, car, si je me laissais aller sur ce chapitre, j'en écrirais de belles. "
* Madame de Souza et sa famille (baron André de Maricourt / Emile-Paul frères / p.286-287)* lettre intégrale (le portefeuille de Madame d'Albany, par Léon-G Pélissier)
fin 1814 | Madame de Souza à Madame d’Albany | conduite de Le Roi
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