" J'ai été bien malheureuse depuis les lettres du 12, c'est-à-dire depuis un mois, ma très excellente amie, .... Je n'ai plus eu un mot mon fils. Enfin, hier, il est arrivé à ma voisine ( Mme de Rémusat.) une lettre du 27 qui dit : " Charles se porte bien ". J'ai un peu respiré et aussitôt je vous écris. Que je souffre en pensant au froid qu'il doit éprouver! Nous avons un hiver qui commence d'une manière terrible. La rivière est prise, le froid est accompagné de vent, et tout cela est du printemps en comparaison de cette indigne Russie, pays abandonné de Dieu et du soleil. Je n'ai pas encore de lettre de mon fils, mais enfin il se portait bien le27. Que de grâces à rendre à Dieu ! Car enfin ses rhumatismes pouvaient le prendre, et que serait-il devenu dans le mouvement latéral où il ne s'agit d'espérer feu ni lieu? Qu'il souffre, ma bonne amie, et que je souffre pour lui !
" …Croiriez-vous que je n'ai pas encore été au Salon ? Je ne sors pas de mon fauteuil, j'y rêve, je gémis, je vois un désert de neige, je calcule tous les maux qui me peuvent arriver et je me couche sans avoir pu respirer. Si vous étiez ici, j'aurais quelques moments de consolation, mais vous êtes si loin que je ne puis même pas espérer vous revoir si je succombais à tant de peines...
" Ma chère, ma très chère, où est-il à l'heure où je vous parle et où je vous écris, grelottant auprès de mon feu ? Il faut tout le génie et toute la puissance de l'Empereur pour les ramener à bon port. "
* Madame de Souza et sa famille (baron André de Maricourt / Emile-Paul frères / p.277)* Flahaut (Françoise de Bernardy / Perrin / p.105)* lettre intégrale (le portefeuille de Madame d'Albany, par Léon-G Pélissier)
14 décembre 1812 | Mme de Souza à Mme d’Albany | campagne de Russie
Toutes les correspondances de l'année
Contenu de la correspondance