30 janvier 1852 Charles de Flahaut à Louis-Napoléon | explications et dévouement

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Contenu de la correspondance

" Lorsque je comptais venir à Paris (croyais retourner à Paris), Lord John Russell m'avait demandé (prié) de vous rapporter (rendre compte d') une ou deux conversations que j'avais eues avec lui. Elles étaient relatives aux débats parlementaires (aux discussions qui vont avoir lieu dans le Parlement) sur (les motifs du) le renvoi de Palmerston. Comme il est dû à une question regardant la France (et comme les affaires de la France en ont été l'occasion), Lord John était particulièrement désireux de vous donner l'assurance que, quoi qu'on puisse dire (quelle que fût leur nature), vous pouviez être certain que rien ne troublerait les amicales relations entre les deux gouvernements et les deux pays (rien ne serait changé dans les relations amicales des deux gouvernements et des deux pays). Si je peux me permettre d'exprimer une opinion, je crois que vous pouvez compter sur cette promesse.
Peut-être, monseigneur, me permettrez-vous aussi de saisir l'occasion de vous parler de quelque chose me concernant (un peu de moi).
Je vous demande de croire que c'est avec un vrai plaisir (une joie bien vive) que je me suis replacé (rallié), le 2 décembre, sous le drapeau auquel j'avais consacré ma jeunesse. Quand j'ai eu l'honneur de prendre congé de vous, les phrases aimables (les paroles bienveillantes) par lesquelles vous m'avez exprimé votre approbation ont été une récompense suffisante des faibles services que j'avais été assez heureux pour vous rendre. Si, depuis lors, je me suis trouvé en désaccord (dissentiment) avec certaines mesures que vous avez jugé nécessaire de prendre (vous avez cru devoir adopter) et si j'ai décidé de retourner à ma retraite et à mon inactivité, je tiens à vous donner l'assurance que j'ai fait seulement ce qui me semblait droit dans la circonstance (je n'ai été mu que par un sentiment de convenance) ; ma gratitude envers vous est telle que rien ne serait plus contraire à mes idées ou à mes sentiments que de faire preuve d'active opposition (que de me laisser aller à un acte d'opposition) ou, plus encore, d'une désapprobation marquée (une manifestation éclatante de désapprobation)
Ma conduite pendant le coup d'Etat a causé le plus vif mécontentement à la famille royale déchue et m'a attiré l'hostilité la plus vive de tout le parti orléaniste. Ne croyez pas, Monseigneur, que je me sois flatté d'atténuer en rien ces dispositions par ma conduite actuelle - j'ai trop d'expérience pour cela ; mais je n'en tiens que davantage à ne donner à personne le droit de m'accuser d'avoir manqué de reconnaissance.
Croyez, Monseigneur, que je continuerai ici la tâche que je sui venu y remplir, que mes voeux les plus ardents sont pour votre succès, et que je regrette du fond de mon âme d'être privé de l'honneur d'y contribuer par mes services. Et croyez aussi que je serai toujours prêt, comme au 2 décembre, à vous donner des preuves de mon dévoûment , si jamais il pouvait vous être utile.
Veuillez agréer avec bonté, Monseigneur, l'hommage de mon profond respect.
FLAHAULT"
* Flahaut (Françoise de Bernardy / Perrin / p.323-324)* Le secret du coup d'Etat (Guedalla-Kerry / Emile-Paul 1928 /p.269 à 271)