14 mars 1850 | Charles de Flahaut à sa femme | situation politique

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Contenu de la correspondance

"Je voulais vous écrire hier dans l'intention de vous rassurer sur les élections socialistes (Les élections eurent lieu le dimanche 10 mars), mais il aurait été trop tard pour que ma lettre partît.Triste pays que celui-ci ! Lundi et mardi matin, le triomphe des modérés ne faisait aucun doute ; et c'est pourquoi les légitimistes et les orléanistes - surtout ceux-là - se permirent des manifestations de partis et firent opposition au gouvernement tant qu'ils purent. Vers midi, hier, on commença de connaître les résultats du scrutin : il y eut une première alarme. Mais lorsque, tard ans l'après-midi, fut annoncé le résultat définitif, ce fut une véritable consternation. J'étais au Club de la rue de Graucourt quand parvinrent les premières nouvelles : Vous n'avez pas idée des figures allongées. Auguste me dit qu'aujourd'hui à la Chambre, il semble que tout soit perdu, et votre petit favori (Thiers) plus que quiconque. Je mets en fait pourtant que la situation actuelle ne crée pas de changement, car il n'y a que trois canailles remplacées par trois autres. Ceci prouve seulement qu'on avait tort de croire à un changement favorable dans l'état d'esprit de la population parisienne. On dit qu'en province les élections auront été meilleures.Mon affaire n'est pas réglée encore. J'espère qu'elle le sera d'ici la fin de la semaine, mais de toute façon je quitterai Paris Lundi. Je pense que Villa Real m'accompagnera..."
* Morny et son temps (Parturier / Hachette / 72-73)* Le secret du coup d'Etat (Guedalla-Kerry / Emile-Paul 1928 /p.109-110)