Tout va aussi bien qu'on peut le souhaiter, sauf dans quelques départements du Midi où le socialisme (nié par vos amis de Panshanger - Nous savons par Henry Greville, qui faisait partie de la réunion de Panshanger chez Lord et Lady Cowper, qu'y séjournaient alors : les Canning, les Sydney, les Bessborough, les Shelburne, de Mauley, Granville, F.Leveson et Charles Greville, outre Mme de Flahaut et sa fille Georgine, non mariée. -) s'affirme par le meurtre, le pillage, l'incendie, les cruautés et les brutalités qui ne respectent ni l'âge ni le sexe. Il n'est pour ainsi dire personne en ce pays, exceptés ceux dont l'esprit de parti etouffe tout autre sentiment, qui n'admette que les désordres qui se produisent actuellement dans quelques localités, auraient en 1852 affecté la France entière et auraient été trop étendus pour que l'armée les réprimât. De tous les départements arrivent remerciements et bénédictions pour ceux qui ont eu le courage de sauver le pays de pareils malheurs. Je pourrais vous citer des autorités qui ont droit sur ce chapitre à un peu plus de respect que ceux qui ignorent tout de l'état de ce pays et jugent de toutes choses en partant du principe "Le Roi, les Lords et les Communes".
Dumond est arrivé de son département du Midi ; or, bien que, mû par un sentiment de convenance et d'attachement à ses amis, il ne donne point son adhésion au gouvernement, il reconnaît que par son coup d'Etat, le Président a sauvé le pays. Il dit que, même à Paris, personne ne peut se faire une idée de ce que l'Assemblée était tombée bas dans l'opinion publique. Je pourrais vous citer Pasquier, Ségur (le père, non le fils qui me considère comme mort), Guizot, la plupart des légitimistes, le duc de Noailles, etc., etc., etc. Je ne parle pas de Montalembert, Mérode et tous les hommes impartiaux. Les seuls qui soient violents sont les orléanistes, qui avaient espéré faire le coup d'Etat contre le Président. Toutes les preuves en ont été trouvées dans les papiers de M. Baze (L'un des trois questeurs de la Chambre qui furent arrêtés à la première heure, le 2 décembre), et si les papiers des autres personnes arrêtées avaient été saisis, on aurait eu la preuve que toutes étaient dans le complot. Ce qui est vraiment amusant c'est les hauts cris poussés contre le Gouvernement parce qu'il a arrêté des députés alors assemblés pour décréter la déchéance du Président et pour interdire à toute autorité civile et militaire de lui obéir, et qui, au surplus, avaient nommé un général à la tête des troupes, et proclamaient effectivement leur décret au peuple par la voix de Berryer ! Aux anciens temps de la guerre civile ils eussent été fusillés ; - or ils sont furieux contre moi parce que je dis qu'ils ont fait preuve d'une dignité romaine et d'énergie uniquement parce qu'ils se savaient à l'abri du danger.
J'avais l'espoir de pouvoir voter aujourd'hui et en ce cas je serais parti demain, mais je ne puis le faire avant dimanche prochain. Dieu fasse que le Président ait 7 millions de voix ! S'ils avaient tant soit peu de bon sens à Claremont, ils auraient recommandé à tous leurs partisans de voter pour lui : cela aurait mieux servi leurs chances à venir que tout ce qu'ils peuvent faire par ailleurs.
* Le secret du coup d'Etat (Guedalla-Kerry / Emile-Paul 1928 /p.176-179)
toute la correspondance échangée entre Charles de Flahaut et sa femme Margaret Mercer Elphinstone