"Mon cher comte,
"Je veux que vous soyez bien instruit d'un petit incident survenu entre la cour de Saint-Petersbourg et nous, et dont probablement vous entendrez parler. Je vous envoie copie de la correspondance officielle et particulière à laquelle il a donné lieu. Je n'ai pas besoin de vous dire que je vous l'envoie pour vous seul, et uniquement pour vous donner une idée juste de l'incident et du langage que vous devrez tenir lorsqu'on vous en parlera. Nous avons atteint notre but et nous sommes parfaitement en règle. Officiellement, le comte de Pahlen a été rappelé à Pétersbourg pour causer avec l'Empereur ; M. Casimir Périer a été malade le 18 décembre et M. de Kisseleff le 1er janvier. En réalité, l'Empereur n'a pas voulu que M. de Pahlen complimentât le roi, et nous n'avons pas voulu que ce mauvais procédé passât inaperçu. De part et d'autre, tout est correct et tout est compris. Les convenances extérieures ont été observées et les intentions réelles senties. Cela nous suffit et nous nous tenons pour quittes."Il faut qu'on en soit partout bien convaincu. Plus notre politique est conservatrice et pacifique, plus nous serons soigneux de notre dignité. Nous ne répondrons point à de mauvais procédés par de la mauvaise politique ; mais nous ressentirons les mauvais procédés et nous témoignerons que nous les ressentons. Du reste, je crois cette petite affaire finie. M. de Kisseleff se conduit ici avec mesure et convenance. Nous serons polis envers lui comme par le passé. On ne fera rien, je pense, à Pétersbourg qui nous en empêche. Ne parlez de ceci que si on vous en parle, et sans y mettre d'autre importance que de faire bien entrevoir notre parti pris de n'accepter aucune convenance."
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M. Guizot à M. le comte de Flahault, ambassadeur à Vienne. Paris, 5 janvier 1842. | tractations diplomatiques à Saint Petersbourg
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