"A peine entrée, je reconnus auprès de la comtesse celui dont, à la douloureuse cérémonie de Rueil, je ne pouvais détacher mes regards : le général de Flahaut. Je ressentis aussitôt un élan de sympathie pour cet homme. Il venait sans doute s'enquérir des derniers instants d'une morte jadis adorée, aujourd'hui à jamais regrettée, à laquelle il savait que j'avais fermé les yeux. Je lui étais reconnaissante de m'estimer digne de répondre à son anxiété douloureuse avec le tact et le cœur qu'il fallait. Hélas, M de Flahaut est de la race des grands diplomates et il me l'a bien fait voir (…) Durant un quart d'heure, avec la plus affligeante courtoisie, il s'entretint avec moi des derniers moments de la reine comme un gentilhomme doit le faire d'une grande dame défunte qu'il a eu l'honneur de connaître, rien de plus. Pas le moindre signe d'émotion n'apparut dans son regard, ni dans sa voix, alors qu'il me voyait si bouleversée qu'il s'excusa d'avoir ravivé dans mon cœur ces douloureux souvenirs. Puis, saluant Mme de Lavalette et moi-même, M de Flahaut se retira avec la plus parfaite aisance…""
Morny, l'homme du second empire (Dufresne / Perrin / p.83-84)
Flahaut (Françoise de Bernardy / Perrin / p.258-259)