" Je savais avant d'avoir lu la lettre que tu m'as envoyée, mon cher Montrond, que M de Talleyrand ne m'avait pas trouvé assez homme d'affaires pour le remplacer pendant son absence de Londres. Il l'avait écrit à d'autres lorsqu'il demandait Durand avec tant d'insistance ; mais il n'avait pas ajouté, comme dans sa lettre à toi, que je m'étais fait du tort par mes deux voyages précédents. J'ai pu nuire effectivement à mes intérêts par mon zèle et mon empressement à servir les siens. Mais, quant à m'être fait du tort, je crois que c'est une accusation inventée pour expliquer sa préférence pour Durand, qui, au reste, peut être un collaborateur plus agréable que moi pour certains membres de la conférence.
Le fait est que j'ai mis une extrême délicatesse à éviter tout ce qui pouvait le blesser dans les missions qu'on m'avait données sans que je les eusse demandées ; que j'ai agi avec lui de la manière la plus franche, la plus confiante ; que je n'ai pas écrit une ligne sans la lui communiquer, et que j'ai employé l'influence que peuvent donner quatorze ans de liaison intime avec presque tous les membres du ministère anglais à les faire revenir de leur prévention contre lui. Ce n'était peut-être pas agir en homme de cœur, et j'en suis mal récompensé. Quant à mes missions, c'est au roi et au ministère des Affaires étrangères à juger si je les ai bien ou mal remplies."
* Flahaut (Françoise de Bernardy / Perrin / p.239)
Juin 1832 | Charles de Flahaut à Montrond | défense
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