Monsieur le Comte, je reçois la dépêche que vous m'aviez fait l'honneur de m'écrire le 11 mars. je me félicite de voir que le cabinet de Londres n'admet pas plus que nous le point de départ de l'opposition que sir CH. Wyke avait manifestée contre l'ultimatum préparé par M. Dubois de Saligny, et d'apprendre que lord Russell va inviter M. le ministre d'Angleterre à se désister de cette opposition. L'opinion exprimée par le Principal Secrétaire d'Etat au sujet de nos réclamations m'engage toutefois à vous envoyer, pour que vous puissiez la mettre sous ses yeux, une appréciation de leur chiffre dont on ne saurait suspecter la partialité. Cette appréciation se trouve dans l'article ci-joint, tiré d'un journal de Mexico, le Mexican extraordinary, qui est l'organe accrédité des intérêts anglais dans ce pays. cette feuille, qui est loin d'avoir jamais témoigné des sympathies bien vives pour nos intérêts, n'hésite pas, dans un examen approfondi de la dette étrangère, à porter à 15 millions de piastres le montant de nos justes réclamations. Ainsi que je le supposais déjà d'ailleurs, celui des réclamations anglaises est plus élevé encore, puisque l'article ci-annexé, en admettant une réduction de 20 %, fixe alors le nôtre à 12 millions de piastres. Nous ne nous proposons en aucune façon d'examiner quelles sont l'origine et la légitimité de ces créances ; mais nous devons penser que lord Russell n'était pas lui-même parfaitement édifié jusqu'ici sur le chiffre que l'on demandait à faire figurer pour le compte des intérêts anglais à côté du nôtre.
Signe Thouvenel
Le Ministre des Affaires étrangères (Thouvenel) à l’ambassadeur de France à Londres (Flahault) Paris le 12 mars 1862 | affaire mexicaine
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