Lettre d’Hortense de Beauharnais à son frère Eugène | 27 décembre 1806, Mayence

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Lettre d'Hortense de Beauharnais à son frère Eugène
27 décembre 1806, Mayence
De la main du prince Napoléon-Charles :
Mon cher Nonnonque et ma chère Tata, je vous souhaite une bonne année à tous deux. Je voudrais bien vous voir et je vous embrasse de tout mon coeur.
Napoléon
De la main de la Reine :
Tu vois du style de Napoléon ; il est laconique mais quand il parle de nonnonque Eugène, il l'est beaucoup moins. Quand il met son chapeau de travers, il dit : "C'est comme nonnonque Eugène" , et quand il voit un joli portrait, il dit :"C'est tata Eugène"
Pour ce nouvel an, je n'ose pas faire de projet. Cependant, j'espère que l'année ne se passera pas sans que nous ne soyons réunis ; je serais trop malheureuse si je n'avais pas cette espérance. Les nouvelles d'hier sont de Kutno ; l'Empereur s'y était arrêté en allant à Varsovie. Les chemins sont si épouvantables que la calèche, dans laquelle étaient Duroc et Caulaincourt, est versée. Duroc a eu la clavicule cassée ; heureusement il se trouvait un chirurgien qui lui a été fort utile ; il a écrit à sa femme ; il ne souffre plus, mais il est dans un village et il ne peut continuer cette campagne, ce qui doit être bien triste pour lui. Cela a dégoûté l'Empereur de voyager la nuit, ce qui est bien heureux car on dit que, dans ces chemins, c'est fort dangereux.
Il paraît bien qu'on va se battre avec les Russes, car le courrier nous a dit que l'Empereur avait donné l'ordre de faire partir la Garde pour qu'elle aille le rejoindre. Mon Dieu, que c'est triste de voir l'Empereur si loin !
Les paysans se sont un peu révoltés près de Cassel. Le général Lagrange n'a qu'un régiment. Il est fort dans l'embarras ; mais on espère que cela n'aura pas de suite.
Je suis bien triste de quitter maman dans ce moment, ca elle est bien seule ; mais tu avoueras que ma position est bien embarrasante.
Hortense