Lettre d’Hortense de Beauharnais à son frère Eugène | 2 juillet 1806, La Haye

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Lettre d'Hortense de Beauharnais à son frère Eugène
2 juillet 1806, La Haye
Je m'aperçois que nous sommes encore plus loin, mon cher Eugène, car je reçois de tes nouvelles plus rarement. Du moins, à Paris, je profitais de celles des autres et cela me contentait toujours quand je n'en avais pas.
Nous sommes toujours plus contents des Hollandais. Nous avons donné un bal lundi dernier ; quoi qu'on en dise, ils ont dansé avec beaucoup de plaisir.
Hier, nous avons été voir lancer un vaisseau à Rotterdam : jamais on n' a été reçu avec autant d'enthousiasme, ils ont traîné la voiture et je t'assure que j'étais dans des transes cruelles de voir quelqu'un écrasé. Heureusement il n'y a eu aucun malheur. Nous sommes revenus le soir en yacht, car, dans ce pays-ci, on peut se dispenser d'aller en voiture si l'on veut. Mais, mon cher Eugène, tu sais trop bien comme moi que tous ces honneurs ne font pas le bonheur. Quand nous pourrons causer deux heures en tisonnant le feu, nous nous trouverons, je suis sûre, bien plus heureux.
Mes petits enfants se portent bien ; ils t'embrassent ainsi que moi bien tendrement ; mille choses à ma belle-soeur.
Que je suis impatiente de savoir quand tu viendras à Paris !
Hortense