Lettre d'Hortense de Beauharnais à son frère Eugène
4 février 1806 , Paris
Comme il y a longtemps que je ne t'ai pas écrit, mon cher Eugène, mais comme j'ai parlé de toi !... J'ai dit à l'Empereur combien tu étais reconnaissant de toutes ses bontés. Je n'ai pas osé montrer tout le chagrin que je ressens de te voir fixé pour toujours en Italie, mais la vérité est que cela me fait bien de la peine. Heureusement pour toi que tu vas avoir un intérieur agréable, mais il n'y a pas pour moi de consolation. L'Empereur disait hier qu'il voulait faire bâtir un beau palais, près du Louvre, pour un Roi quis serait dans le cas de venir à Paris : cela prouve qu'un roi ou un vice-roi peut se déplacer sans inconvénient pour nous faire visite ; ces voyages seront rares, mais ce sera un temps de bonheur pour moi.
Depuis l'arrivée de l'Empereur, nous sommes en cérémonie presque tous les jours : il m'a demandé un petit bal pour demain.
Ecris-moi, je te prie, mais en détail, tout ce que tu penses ; j'ai besoin de le savoir. On m'a donné ta dernière lettre avant-hier ; j'ai bien parlé et bien pensé à toi ; mais écris-moi comme si tu me parlais : nous avons besoin de ces illusions puisque nous devons être séparés.
Hortense
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