" Auguste, mon bon Petit Père Le Roi, est retourné sous le joug de fer. Il a, de son chef, écrit à M. de Lessert pour le complimenter sur la naissance d'une petite fille, qu'il félicite surtout, parce qu'elle n'apprendra ni le grec ni le latin. M. de Lessert me mande que sa petite lettre est charmante et si naturelle qu'il l'a lue à toute sa famille. Moi, je ne l'ai pas lue. Ce qu'a cet enfant, c'est le naturel que laisse de n'avoir jamais éprouvé de crainte chez moi. Il est lui, tel que Dieu l'a fait, sans honte comme sans vanité. S'il fait bien, cela lui paraît un coup du ciel. Il en a de la joie et point d'orgueil. S'il a tort, il croirait volontiers que c'est un maléfice, et il avoue sa faute avec une sincérité presque mathématique. Il dirait bien, j'ai eu tort jusque-là. Ensuite, j'ai eu raison. Après, le diable s'en est mêlé et je suis retombé. Mais n'est-ce pas là comme nous sommes tous ? Il est dans un moment d'effervescence, de gaîté, d'envie de rire, de jouer, qui ne va pas trop avec le grec et le latin ; mais cette bonne disposition passera, et lefroid de la vie se fera sentir plus tôt qu'il ne pense. Pauvre enfant ! Que ne m'est-il permis de le laisser évaporer son enfance, cette folie de jeunesse, qui passe si vite et pour ne plus revenir ! Mais il faut le laisser pâlir et piocher sur les dictionnaires. J'en demanderais volontiers pardon à Dieu ! "
* Le duc de Morny (Gerda Grothe / Fayard / p.15.16)* Madame de Souza et sa famille (baron André de Maricourt / Emile-Paul frères / p.339)
13 octobre 1825 | Madame de Souza à M Le Roi | jeunesse d’Auguste
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