Je vous ai écrit par Gabriel pour vous dire combien j'avais partagé votre malheur ; je n'ai reçu aucune réponse de vous. Cependant vous connaissez mes sentimens ; comment ne m'aviez-vous pas donné de vos nouvelles, et en détail, de votre santé, de votre position ? ce n'est pas bien à vous, car tous les détails que d'autres m'ont donnés ne me suffisent pas.
Je vais entreprendre un long voyage à la fin Octobre. J'espère que l'année prochaine si vous avez besoin des eaux, que nous nous y réunirons. Ecrivez-moi par Gabriel. Croyez que je serai bien heureux de vous revoir. Nous sommes biens vieillies toutes deux et bien isolées, mais on se rapproche par la pensée, par les lettres, et quoiqu'il faille toujours s'imaginer qu'on est souvent lu par des curieux, n'importe. Il est naturel de parler de sa famille, et quand on n'a rien de mal à cacher on ne doit pas se gêner, c'est trop attrister sa vie.
Adieu ; je vous embrasse tendrement. J 'ai eu tant de visites cette année que j'ai besoin de me retrouver un peu seule.
Quand on a quitté le monde on a de la peine à s'y habituer, et il a fallu bien de la peine aussi pour se résigner à vivre seule et sans un ami pour vous entendre et vous consoler ! Mais pour moi telle a été ma destinée et j'ai dû m'y résigner.
J'ai appris avec bien de la peine qu'il n'y avait que des filles dans votre famille, c'est réellement un tort. Je n'ai jamais sçu comment le grand-père avait laissé sa fortune et si un fils auroit eu l'espoir de l'avoir. Mais avec tant de filles on doit être gêné, et cette idée est affligeante.
Adieu ; mille tendresses pour vous et votre enfant.
Ce 20 Sept. 1825.
La reine Hortense (Duc de Castries / Tallandier / p.388)
Morny, l'homme du second empire (Dufresne / Perrin / p.55-56)
Flahaut (Françoise de Bernardy / Perrin / p.208-209)
The First Napoleon / Some unpublished documents from the Bowood papers / The Earl of Kerry / p. 333-334
La reine Hortense (Françoise de Bernardy / Perrin / p.432-433)