Lettre d'Hortense de Beauharnais à son frère Eugène
26 août 1805 , Saint-Amand
J'arrive de faire un bien joli voyage, mon cher Eugène ; je suis un peu fatiguée, mais demain, je t'enverrai un petit journal. En arrivant, j'ai trouvé des lettres de toi. Tu as tort de t'affecter de ne pas recevoir de lettres de maman : dans tout son voyage d'Italie, je n'en ai reçu qu'une petite ; personne n'est paresseuse comme elle ; si tu savais qu'elle ne peut pas encore parler de toi sans pleurer, tu lui pardonnerais sa paresse. J'ai eu bien du plaisir à voir ton aide de camp, et en même temps, du chagrin de revoir toutes les personnes avec lesquelles tu étais habituellement et de ne plus te retouver parmi elles. Je dois rendre justice à tous tes anciens camarades qu'ils m'ont beaucoup parlé de toi, qu'ils ont l'air de te regretter beaucoup. Clarke m'a dit qu'il recevait souvent des nouvelles d'Italie et qu'on disait beaucoup de bien de toi. Savary m'a dit qu'il n'osait pas t'écrire et te donner des nouvelles, de peur que l'on ouvrît les lettres, mais je t'assure que tous t'aiment toujours bien. J'aurais trop de choses à te dire s'il fallait te répéter tout ce que tout le monde m'a dit de toi et toutes les personnes qui m'en ont parlé : plusieurs m'ont dit qu'ils t'avaient écrit, mais que tu ne leur avais pas répondu.
Adieu, je t'embrasse bien tendrement. A demain. Louis me charge de te dire bien des choses.
Napoléon a été bien gentil et n'est pas du tout fatigué du voyage.
J'avais écrit à l'Empereur pour le jour de sa fête, et c'est en me répondant qu'il m'engagea à venir passer quelques jours avec lui, ainsi que Napoléon. Ce voyage m'a fait du bien. Il n'y a rien de tel que la liberté.
Hortense
Lettre d’Hortense de Beauharnais à son frère Eugène 26 août 1805 , Saint-Amand
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