" ... J'ai éprouvé de grandes ingratitudes. Mon âme a été blessée, mais je ne suis pas devenue misanthrope, car j'aime encore les gens que je ne connais pas, (Comme le fait judicieusement remarquer l'éditeur distingué du Portefeuille de la comtesse d'Albany, M. Pélissier, ces expressions dénotent une amertume bien rare chez l'indulgente Mme de Souza, amertume dont on rencontre déjà la trace dans une lettre de 1815 citée plus haut.) et le malheur me retrouverait-avec le même zèle pour le servir. Cependant je me suis retirée du monde. Je vis avec d'anciens amis qui ont vu par eux-mêmes ma conduite, et, si vous aviez été ici, je suis bien convaincue que je vous aurais vue et verrais tous les jours. Quand les Écossais viendront voir leur reine légitime, (On sait que la comtesse d'Albany était la veuve du dernier des Stuart) je m'en rapporte à votre bonté pour faire à Néné autant d'amis que vous aurez de connaissances. On a fort irrité son beau-père. Moi qui tâche avant tout d'être juste, je trouve très simple qu'il ait regretté que sa fille n'épousât point un Anglais. Mais une fois le mariage fait, je désirerais qu'il rendît justice à mon Charles et qu'il lui accordât son estime, si même il prive sa fille de sa fortune, (Dans la même lettre à Mme d'Albany, Mme de Souza affirme que c'est Flahaut lui-même qui avait refusé par désintéressement tout avantage pécuniaire offert par lord Keith à sa fille pour son mariage.) ceci entre vous et moi, car je m'interdis absolument de prononcer même le nom de lord Keith. Charles a eu une vie toute honorable ; son âme est noble et pure ; il rendra sa femme très heureuse, et j'aurais voulu que lord Keith entendit mon mari, disant : " Mon beau-fils n'a jamais été pour moi un quart d'heure autrement que je n'aurais désiré qu'il fût. " Enfin je désire vivement cette réunion, mais je m'interdis toutes démarches là-dessus, car il n'y a que des impartiaux et des indifférents qui puissent influer sur un vieillard. (Lord Keith était né en 1745.) entêté et passionné, rempli d'ailleurs de préjugés contre un mari français.
* Madame de Souza et sa famille (baron André de Maricourt / Emile-Paul frères / p.311-312)
5 août 1817 Madame de Souza à Madame d’Albany | | défense de Charles
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