Retour à Biographie

Anecdotes

Anecdotes

« Ah ! vous venez de Berlin ? eh bien ! y aime-t-on la France ?
L’Empereur s’avança le front assez sombre vers madame de Souza, et, la reconnaissant, il lui demanda brusquement : « Ah ! vous venez de Berlin ? eh bien ! y aime-ton la France ? » – Elle vit l’humeur au front du sphinx redoutable : Si je réponds oui, songea-t-elle, il dira, c’est une sotte ; si je réponds non, il y verra de l’insolence… – « Oui, sire, répondit-elle, on y aime la France… comme les vieilles femmes aiment les jeunes. « La figure de l’Empereur s’éclaira : « Oh ! c’est très bien, c’est très bien ! » s’écria-t-il deux fois, et comme la félicitant d’être si heureusement sortie du piège.


A propos de la calvitie de Charles de Flahaut
« Monsieur de Montrond était railleur, impitoyable, ne ménageait pas ses meilleurs amis, et emportait la pièce.
J’en veux citer un exemple entre mille. Monsieur de Flahaut, charmant dans sa jeunesse, mais tout à fait sur le retour et devenu très chauve, se montrait éperdument amoureux d’une jeune et belle comtesse Potocka. Il affichait ce sentiment de façon à se rendre ridicule.
Le jour de l’an approchant, il voulait trouver quelque chose n’ayant pas l’air d’un cadeau, mais de très élégant et de très recherché, pour servir d’étrennes à son idole. Le goût exquis de monsieur de Montrond étant reconnu de tous, monsieur de Flahaut alla le consulter. Il lui promit de s’en occuper.
Le soir au club, à travers une table, et au milieu de vingt personnes, il l’apostropha :  » Flahaut, lui dit-il très haut, tu cherchais ce matin un objet de peu de valeur mais très rare, à offrir à la dame de tes pensées. donne-lui un de tes cheveux, rien n’est plus rare.  » Le ci-devant jeune homme pensa tomber à la renverse, mais il n’était pas reçu de répondre à Monsieur de Montrond. Il se joignit aux rieurs.

(d’après les Mémoires de la comtesse de Boigne)


L’impératrice Joséphine sauvée de la noyade par Charles de Flahaut !
« La veille de son arrivée à Aix, Joséphine a failli se noyer dans le lac du Bourget lorsqu’un violent orage a éclaté au retour d’une banale promenade en barque ; elle n’a dû son salut qu’à la vigoureuse inte­vention de ses deux chevaliers servants, Flahaut et PourtaIès. Au récit de l’aventure, comme l’héroïque Flahaut se trouve grandi aux yeux de la romanesque Hortense ! »
(Morny, le vice-Empereur / Carmona / Fayard)

Charles de Flahaut apporte de l’animation, et même de la gaieté dans ce salon un peu morne. Bientôt on cherche des distractions : promenades à Chambéry en voiture, traversée du lac du Bourget pour visiter les ruines d’Hautecombe. Déjà la veille de l’arrivée d’Hortense à Aix, la petite troupe avait subi un violent orage sur le lac. Flahaut se mit à chanter pour calmer les alarmes de l’Impératrice.
(Le coeur de la reine Hortense / Bordeaux / Plon)

A propos du lac du Bourget
« Lamartine s’est emparé du lac du Bourget pour l’offrir comme une énorme émeraude à Elvire. En réalité, le lac du Bourget était un lac d’amour bien avant l’élégie du poète. Il a servi aux amours de Pauline Bonaparte, de la reine Hortense, de l’impératrice Marie-Louise. Il a été le confident de leurs bonheurs et plus encore de leurs chagrins. Là, Pauline a pleuré sur un mort de la Moskowa , Hortense sur la trahison de Flahaut, Marie-Louise sur l’Empereur avant de l’abandonner et de s’abandonner elle-même au comte de Neipperg. Et peut-être, à leur insu, Lamartine et Madame Charles ont-ils été conduits l’un à l’autre par toutes ces amours amassées, comme on marche plus doucement dans les bois sur un tapis de feuilles mortes.  »
(Le coeur de la reine Hortense / Bordeaux / Plon)


La fourrure offerte par Napoléon à la reine Hortense
« Hortense était une excellente mère : malheureusement elle ne fut point aussi fidèle à ses devoirs d’épouse. Elle n’avait jamais aimé que Duroc. Ayant épousé Louis sans inclination, elle s’éloigna de son mari sans scrupule. Elle fut coquette, légère, étourdie : on a beaucoup parlé de sa passion pour le comte de Flahaut. Cela fit scandale à la Cour, et mit Bonaparte en colère. Il fit à ce propos plusieurs scènes à la reine. La plus violente eut lieu un jour qu’à la parade il avait reconnu sur le cheval de l’heureux comte de Flahaut une magnifique fourrure que lui, Bonaparte, avait reçue en présent de l’empereur de Russie, qu’il avait donnée à sa belle-soeur (??? plutôt belle-fille ! ndlr), et que celle-ci avait donnée à son amant. Hortense osait tenir tête à l’empereur ; aussi résulta-t-il de cela une querelle affreuse qui troubla toute la famille impériale. »
(Mémoire d’une femme de qualité, sur Louis XVIII, sa Cour et son règne, par Etienne Léon, 1829)


Exigeante courtoisie de Charles de Flahaut : le tabouret de la comtesse de Noailles
« J’aime beaucoup M de Flahaut ; il joint à une honnêteté parfaite un caractère original . Voici un trait plaisant qui le peint. Madame la comtesse de Noailles a, comme on sait, beaucoup de morgue et fort peu de politesse. Un soir elle arive au jeu de la feue reine, le jeu étoit commencé ; la comtesse de Noailles veut prendre place au haut du cercle ; elle monte, elle s’avance, s’arrête pour s’asseoir, et n’aperçoit point de pliant.
M de Flahaut, debout dans l’embrasure d’une fenêtre, voit son embarras, et très obligeamment tire de dessous une table de marbre un pliant, qu’il pousse derrière elle ; la comtesse le regarde, ne le remercie point, ne le salue point, et s’assied. Un moment après, une femme arrive, on se lève ; pendant ce mouvement, M de Flahaut retire doucement le tabouret qu’il a donné, et le remet sous la table. La comtesse veut se rasseoir, elle fait une étrange culbute ; cependant les femmes qui se trouvoient à côté d’elle la retiennent et modèrent sa chute ; la voilà sur ses pieds ; elle se retourne en disant : Mais qui donc a pris mon pliant ? C’est moi, Madame, répond froidement M de Flahaut ; j’avois eu l’honneur de vous l’offrir, il m’a paru qu’il ne vous faisoit aucun plaisir, et je l’ai ôté. »
(Mémoires inédits de madame la comtesse de Genlis sur le dix-huitième siècle et la Révolution (1825))