10 décembre 1815
Madame de Souza à Madame d'Albany
" …Ce qui nous occupe à Paris, dit-elle, c'est l'accident de ce pauvre abbé Morellet. C'est bien la peine d'arriver à quatre-vingt-huit ans pour être emporté par des chevaux de fiacre ! Ce malheureux abbé venait de monter dans la voiture. Ses nièces s'apprêtaient à le suivre, lorsque les chevaux prirent le mors aux dents et passèrent par-dessus une borne. Sa voiture fut renversée ; mais, comme la portière était restée ouverte, l'abbé tomba en dehors et eut la voiture sur lui. On le releva de là le fémur cassé, ce dont il ne se doute pas. Il ne croit avoir que des contusions. Dubois dit qu'il est impossible de lui remettre la cuisse ; ainsi le voilà dans son lit pour au moins trois mois, et s'il en relève jamais, ne pouvant plus marcher qu'avec des béquilles. (L'abbé Morellet survécut à ses blessures, mais ne revint plus à l'hôtel Souza. Condamné à la réclusion depuis sa chute, il ne mourut que le 12 janvier 1819.)
" Du reste il a conservé toute sa tête pendant et depuis l'événement. Vous voyez qu'il aurait peut-être été à cent ans, ayant autant de forces. Je l'ai vu. Il est aussi tranquille que si ou l'avait mis dans ce lit pour dormir paisiblement. La casa vous offre mille hommages. "
" Savez-vous ce qui occupe le plus mon fils ? Il dessine et vraiment fait des choses étonnantes pour un commençant, c'est-à-dire il copie très bien et avec une patience dont je ne l'aurais pas cru capable."
* Flahaut (Françoise de Bernardy / Perrin / p.176)* Madame de Souza et sa famille (baron André de Maricourt / Emile-Paul frères / p.308)* lettre intégrale (le portefeuille de Madame d'Albany, par Léon-G Pélissier)
10 décembre 1815 | Madame de Souza à Madame d’Albany | Charles dessine
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