" J'étais de service à Fontainebleau le lendemain du départ des maréchaux envoyés par l'Empereur pour traiter de son abdication en faveur du Roi de Rome. Il était huit heures du matin. L'Empereur, encore couché, me fit appeler ; "Faites venir Pailhou (c'était un de ses officiers d'ordonnance qui avait accompagné les maréchaux jusqu'aux avant-postes), il vient de me rendre compte de sa mission, mais j'étais presque endormi, et je n'ai pas bien compris ce qu'il m'a dit."
Je fis venir Pailhou, qui me raconta que le maréchal Marmont, après avoir causé quelque temps avec les maréchaux plénipotentiaires à son quartier général, était monté dans leur voiture et les avait accompagnés jusqu'au quartier général des alliés, que, là, il était resté caché dans la voiture, mais qu'ensuite il était descendu, était entré chez le prince Schwarzenberg et avait accompagné les maréchaux jusqu'à Paris.
Je rentrai chez l'Empereur pour lui rendre compte de ce qui venait de m'être dit. Après m'avoir écouté, il me regarda de ce regard perçant qu'on ne saurait décrire, puis il me dit : "Qu'est-ce que vous en pensez ?" Je ne répondis rien. Il continua : "Vous croyez qu'il me trahit . - Ah ! sire, c'est un bien gros mot et une terrible accusation. - Non, dit-il, vous avez raison. Lui, me trahir ! c'est impossible ; il me doit tout ! Depuis sa première jeunesse, je l'ai fait tout ce qu'il est, malgré tout le monde. Il ne peut vouloir me trahir. Non ! mais il est le plus vain des hommes, et il aura été à Paris pour me servir et aider les maréchaux de ses conseils."
* Flahaut (Françoise de Bernardy / Perrin / p.120-122)
5 avril 1814 | Charles de Flahaut (Mémoires) | trahison de Marmont
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