Installée Place de la Concorde, dans une partie du garde-meuble transformé en hôtel garni, la comtesse assure qu'elle fit d'abord fermer sa porte à Flahaut. Celui-ci la força un jour ; le lendemain, il amena sa mère. Les deux femmes ne se plurent pas et leurs relations, quoique fréquentes, restèrent tout de surface.
"Elle avait de la fatuité pour son fils, on lui eût pardonné de l'orgueil."
" M. de Flahaut me proposa de venir me rendre visite avec sa mère, le lendemain, dans la matinée, nous dit Mme Potocka dans ses Mémoires. J'acceptai avec d'autant plus d'empressement que j'étais fort curieuse de voir une personne, dont les délicieux romans et les lettres m'avaient charmée. Il était tout naturel que je fisse mon possible pour lui paraître agréable ; mais je m'aperçus bien vite de l'inutilité de mes frais. Mme de Souza s'occupait d'elle exclusivement, (Cette remarque est en contradiction notoire avec tout ce que disent les contemporains de Mme de Souza. Il est évident que son souci de plaire n'allait point sans une certaine observation d'elle-même, mais elle cherchait plutôt à intéresser les autres en leur parlant d'eux-mêmes.) elle soignait chacune de ses phrases et jetait dans la conversation des mots heureux et brillants, qui semblaient préparés.
" Il n'y avait, dans sa manière de s'exprimer, ni charme, ni abandon. Il valait mieux lire ses ouvrages que d'écouter sa conversation. De plus, je fus choquée d'une sorte d'intimité qu'elle voulait, dès le premier jour, établir entre nous trois. Elle avait de la fatuité pour son fils. On lui eût pardonné de l'orgueil. Mais la présomption avec laquelle elle semblait présager de ses succès n'était pas de bon goût. Lui-même en paraissait embarrassé et faisait de vains efforts pour ramener sa mère à un ton plus sérieux et plus convenable. Je pris ombrage de cette assurance fort peu déguisée et me montrais polie, mais froide. Nous nous quittâmes assez peu satisfaites l'une de l'autre. "
* Flahaut (Françoise de Bernardy / Perrin / p.77)* Madame de Souza et sa famille (baron André de Maricourt / Emile-Paul frères / p.252)