Je n'ai jamais été fâché de votre silence, mon cher Flahault. Il n'y avait là qu'un peu de négligence à accuser ; mais ce qui m'a peiné c'est que vous avez écrit que vous ne saviez que me dire, par où commencer. J'ai pour vous une amitié vraie fondée sur vos qualités. Vos défauts passent aisément, avec elles j'en suis sûr, je crois d'avantage que je n'y ferais double attention parce que ce ne sont pas eux qui frappent le plus en vous. J'en veux à Dommanizet de ne pas vous avoir envoyé de suite, j'avais des raisons pour cela. Dans votre état la meilleure manière de bien raisonner c'est de bien obéir.
Adieu, mon jeune ami. Vous n'avez plus quinze ans, mais j'ai et j'aurai toujours pour vous les mêmes sentiments.
Louis Bonaparte
Paris, 23 Nivôse, an 10.
* Flahaut (Françoise de Bernardy / Perrin / p.41)* The First Napoleon / Some unpublished documents from the Bowood papers / The Earl of Kerry / p. 329* Hortense, reine de l'Empire (Constance Wright / Arthaud / p. 82)