" M de Flahaut vint aujourd'hui présenter ses devoirs à Mmes de Lavalette et de Forget. Son fils l'accompagnait. Quelle fut, à cette vue, la plus forte, de ma curiosité ou de mon émotion ? L'une et l'autre étaient à leur comble lorsque je vis en face de moi celui que l'on nomme le comte de Morny, et dont M de Flahaut prend à peine le soin de ne pas déclarer tout haut qu'il est le père. Cet homme paraîtrait cynique s'il n'avait d'aussi courtoises façons. Son fils, de taille moins élevée que la sienne, est d'aspect aussi distingué. Et puis, je dois le reconnaître, il porte la marque indélébile de son origine maternelle. Peut-être plus encore que le prince lui-même il ressemble à la reine au point que je n'ai pu empêcher des larmes de monter à mes yeux en le voyant… Mon trouble n'a sûrement pas plus échappé au père qu'au fils. Mais, me sentant en présence de deux hommes résolus à demeurer tellement maîtres d'eux-mêmes, je m'efforçai de me mettre au diapason de leur maîtrise.
Lorsque, après m'avoir présenté M de Morny, Joséphine de Forget me nomma à lui, ajoutant le titre qui me demeure si cher ; je surpris une sorte d'attendrissement dans son regard ; mais ce ne fut qu'un éclair : le fils est né diplomate comme le père et le restera… Quant à M de Flahaut, il effleure tout, n'approfondit rien, aborde n'importe quel sujet avec une imperturbable assurance. Il a, de plus, un travers que je ne puis souffrir chez un homme : il se regarde dans les glaces… Enfin, avec la même et belle aisance qu'ils avaient en entrant, ces deux hommes prirent congé de chacune de nous, en se retirant…"
* Flahaut (Françoise de Bernardy / Perrin / p.259-260)
Février 1838 | Valérie Masuyer (Témoignage) | visite de Charles et d’Auguste
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