Monsieur le Ministre, j'ai communiqué hier au Principal Secrétaire d'Etat de la Reine le contenu de la dépêche que Votre Excellence m'a fait l'honneur de m'adresser en m'envoyant le rapport de M. l'amiral Jurien de la Gravière.
Je suis heureux de pouvoir dire à Votre Excellence que lord Russell partage l'avis qu'elle exprimait sur la matière dont les affaires ont été conduites ; car une différence d'opinion entre les Gouvernements sur la marche suivie par leurs commissaires ne pourrait qu'aggraver considérablement les inconvénients de la situation. Lord Russell n'hésite pas à blâmer le langage qui a été tenu au Gouvernement mexicain comme en complète opposition avec les faits qui ont rendu la convention de Londres nécessaire ; il pense que les commissaires auraient dû, après avoir pris possession des ports, se borner à faire connaître au Gouvernement mexicain les griefs de leurs Cours et en demander le redressement, en fixant un délai, au terme duquel on aurait recours à l'emploi de mesures coercitives, si les satisfactions formulées n'étaient pas obtenues.
Le Principal Secrétaire d'Etat de la Reine n'approuve pas plus que nous la clause qui permet au pavillon mexicain de flotter à côté de ceux des trois Puissances, et l'engagement pris par les commissaires d'évacuer les points occupés par nos forces, si les négociations venaient à échouer. En résumé, Monsieur le Ministre, lord Russell partage, en tout point, la manière dont Votre Excellence apprécie la conduite adoptée par nos commissaires et la situation qu'elle a créée.
Signé Flahault
L’Ambassadeur de France à Londres au Ministre des Affaires étrangères | Londres le 28 mars 1862 | affaire mexicaine
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